LIBREVILLE - Un groupe de travail pour les droits de l'Homme auprès de l'ONU a "fermement condamné" l'exécution de quatre hommes en Guinée équatoriale après un procès "sommaire" pour l'attaque du palais présidentiel en 2009, dans un communiqué obtenu samedi par l'AFP à Libreville.
Le Groupe de travail de l'ONU sur l'utilisation des mercenaires, créé en 2005 par la Commission des droits de l'Homme de l'ONU, indique que sa présidente, Amada Benavides de Pérez, et un autre expert, José Luis Gómez del Prado, ont achevé le 20 août une visite de cinq jours en Guinée équatoriale.
"Le Groupe est particulièrement préoccupé après les informations selon lesquelles le 21 août, trois anciens officiers de l'armée et un civil ont été exécutés après un procès militaire sommaire lors duquel ils ont été reconnus coupables de terrorisme et de trahison. Le Groupe condamne fermement cette exécution", déclare le communiqué
Il estime que ce procès ne s'est pas tenu "en bonne et due forme" et que le fait que "la sentence ait été exécutée le même jour a dénié aux accusés toute possibilité de faire appel".
Le communiqué relève que les quatre hommes, qui s'étaient réfugiés au Bénin, ont été ramenés en Guinée équatoriale d'une manière sur laquelle les experts n'ont "pu obtenir aucune information". "Ils semblent ne pas avoir été soumis aux procédures d'extradition formelles", ajoute le communiqué.
Selon l'ONG Amnesty International, les quatre hommes "ont été exécutés le 21 août immédiatement après avoir été condamnés (à mort) par la cour militaire" à Malabo.
Les autorités équato-guinéennes ont justifié le 24 août les condamnations à mort, affirmant que la loi prévoyait "l'application de la peine capitale pour des délits comme ceux jugés", mais elles n'ont ni confirmé ni démenti l'exécution des quatre hommes.
Le 25 août, le ministre équato-guinéen des Affaires étrangères, Pastor Micha Ondo Bilé, avait déclaré aux diplomates: "Le tribunal a agi selon la loi en vigueur, qu'on a appliquée selon les dispositions".
Mme de Pérez et M. del Prado ont particulièrement examiné "les investigations et les poursuites liées à l'attaque du palais présidentiel par des mercenaires présumées le 17 février 2009 ainsi qu'à la tentative de coup d'Etat de 2004 et ses suites", précise le communiqué.
En février 2009, des hommes armés venus par la mer avaient tenté de débarquer à Malabo pour, selon la Guinée équatoriale, attaquer le palais présidentiel. En 2004, plusieurs mercenaires dont le Sud-Africain Nick Du Toit et le Britannique Simon Mann avaient été jugés et condamnés à des peines de prison pour tentative de coup d'Etat dans le pays.
Ces procès ont "manqué de transparence", selon le Groupe qui affirme avoir demandé plusieurs fois l'accès aux décisions judiciaires et aux détenus, sans succès.
Le communiqué fait aussi état de condamnations de deux autres personnes à 20 ans de prison pour complicité par le même tribunal militaire. Ces deux condamnés - des civils - avaient été jugés en première instance par un tribunal civil en mars.
Au total, 11 Equato-Guinéens, tous membres du parti d'opposition Union populaire (UP), et sept Nigérians avaient alors comparu pour "terrorisme" suite à l'attaque de 2009. Sept prévenus avaient été relaxés, la sentence pour les autres n'avait pas été communiquée.
"Sur les sept Nigérians arrêtés, deux sont morts en détention et les cinq autres ont été condamnés à 12 ans d'emprisonnement. Les membres de l'ambassade du Nigeria en Guinée équatoriale n'ont pas eu accès à leurs ressortissants", annoncent les experts de l'ONU.