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Pakistan: le pape appelle à la libération d'une chrétienne condamnée à mort

dépêche de presse du 17 novembre 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
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CITE DU VATICAN - Le pape Benoît XVI a appelé à la libération d'une chrétienne pakistanaise, Asia Bibi, mère de cinq enfants, condamnée à mort pour blasphème, mercredi à la fin de son audience générale place Saint-Pierre au Vatican.

"Je suis proche d'Asia Bibi et de sa famille et je demande que liberté lui soit rendue au plus vite", a déclaré le pape.

Asia Bibi a été condamnée à mort le 11 novembre dernier par un tribunal de Nankana, un district de la province centrale du Pendjab situé à quelque 75 km à l'ouest de Lahore, capitale culturelle du pays.

Selon les associations de défense des droits de l'Homme, c'est la première fois qu'une femme est condamnée à mort pour blasphème au Pakistan.

Le pape a également appelé "la communauté internationale" à se pencher sur "la difficile situation dans laquelle se trouvent les chrétiens au Pakistan, qui sont souvent victimes de violences et de discriminations".

"Je prie pour ceux qui se trouvent dans des situations analogues, afin que leur dignité humaine et leurs droits fondamentaux soient pleinement respectés", a ajouté le pape.

La république islamique du Pakistan n'a jusqu'à présent jamais exécuté un condamné à mort pour blasphème, mais cette nouvelle affaire a mis en lumière ses lois controversées en la matière, dénoncées par les associations de défense des droits de l'Homme.

L'affaire remonte à juin 2009, lorsque des femmes, musulmanes, qui travaillaient avec Asia Bibi sont allées voir un responsable religieux en accusant la chrétienne d'avoir blasphémé le prophète Mahomet. Le mollah est ensuite allé voir la police, qui a ouvert une enquête.

Asia Bibi a été arrêtée et poursuivie en justice aux termes de l'article 295 C du code pénal pakistanais, qui prévoit la peine de mort dans un tel cas.

Le juge Naveed Iqbal l'a condamnée à la pendaison en écartant "totalement" la possibilité qu'elle ait été accusée à tort, ajoutant qu'elle n'avait "aucune circonstance atténuante", d'après le verdict dont l'AFP a obtenu copie.

Pour être exécutée, la condamnation doit être encore approuvée par la Haute Cour de Lahore, la plus haute juridiction du Pendjab.

Son mari, Ashiq Masih, 51 ans, a estimé qu'aucun élément ne justifiait cette condamnation et annoncé à l'AFP qu'il allait faire appel. Le couple a cinq enfants, deux garçons et trois filles.

Les associations de défense des droits de l'Homme réclament l'abrogation de cette législation, estimant qu'elle est exploitée à des fins personnelles et encourage l'extrémisme islamiste, dans un pays à 97% musulman.

"La loi sur le blasphème est totalement obscène et doit être totalement abrogée. Elle est d'abord utilisée contre les groupes les plus vulnérables, qui sont discriminés politiquement et socialement, à commencer par les minorités religieuses et les musulmans hétérodoxes", estime ainsi Ali Dayan Hasan, porte-parole de l'ONG Human Rights Watch.

De passage à Islamabad au moment de cette condamnation, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini avait indiqué avoir soulevé la question lors de ses discussions avec son homologue pakistanais Shah Mehmood Qureshi.

"L'Italie a toujours été contre la peine de mort. La loi sur le blasphème ne devrait pas être instrumentalisée pour discriminer les minorités religieuses", avait ajouté M. Frattini.

En juillet dernier, deux frères chrétiens, accusés d'avoir écrit un pamphlet critique pour le prophète Mahomet, avaient été tués devant un tribunal dans le Pendjab, où des centaines de manifestants réclamaient leur condamnation à mort.
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