BRUXELLES, 2 mars 2011 (AFP) - L'Union européenne a dénoncé mercredi "le climat d'intolérance et de violence" au Pakistan après l'assassinat à Islamabad du ministre pakistanais des minorités, Shahbaz Bhatti, lui-même membre de la minorité chrétienne.
"Je condamne fermement le meurtre d'un membre du gouvernement qui était bien connu pour sa défense de l'égalité et des droits de l'Homme", a affirmé la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton dans un communiqué.
"Je suis également profondément préoccupée par le climat d'intolérance et de violence liée au débat sur les lois controversées sur le blasphème", a ajouté la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères.
Mme Ashton a demandé aux autorités pakistanaises "de faire tout leur possible" pour assurer la protection des membres du gouvernement et de la société civile qui demandent d'amender la loi contre le blasphème.
De son côté, le président du Parlement européen, Jerzy Buzek a salué "ceux qui font preuve de détermination et d'un courage exemplaire en risquant leur vie pour la liberté religieuse et la tolérance".
Il a rappelé que l'assassinat de Shahbaz Bhatti intervenait deux mois seulement après l'assassinat de Salman Taseer, le gouverneur du Penjab, la province la plus peuplée du Pakistan, qui avait pris la défense d'une chrétienne condamnée à la peine capitale pour avoir "insulté" le prophète Mahomet.
Shahbaz Bhatti a été assassiné mercredi à Islamabad par des inconnus qui ont criblé de balles la voiture de ce chrétien favorable à la suppression de la peine de mort en cas de blasphème et défenseur des minorités religieuses.
Plusieurs imams et dirigeants de mouvements fondamentalistes répètent publiquement à l'envi ces derniers temps que l'islam récompense ceux qui tueront des apostats ou ceux qui défendent ces derniers.
La peine de mort n'a jamais été appliquée pour blasphème depuis que la loi l'a prévue en 1986. Mais des dizaines de personnes --chrétiens, musulmans et hindous-- accusés d'avoir profané l'islam et le Coran ont été tuées, en prison par des policiers ou des gardiens, ou dans la rue une fois relâchées.
Les chrétiens représentent moins de 2% des quelque 170 millions de Pakistanais. Ils sont majoritairement pauvres et cibles de vexations et de persécutions fréquentes.