TOKYO - Le Japon a exécuté jeudi trois condamnés à mort, pour la première fois depuis juillet 2010, une décision qui relance le débat sur la peine de mort dans l'un des pays les plus développés au monde.
"Aujourd'hui, nous avons procédé à trois exécutions", a déclaré à la presse le ministre de la Justice, Toshio Ogawa. "J'ai rempli mon devoir en tant que ministre de la Justice, comme le stipule la loi."
Après ces trois pendaisons, M. Ogawa a précisé qu'il restait 132 condamnés à mort dans les prisons nippones.
Les trois hommes exécutés jeudi avaient tous été reconnus coupables de plusieurs meurtres.
Yasuaki Uwabe, 48 ans, avait poignardé au hasard en 1999 des passagers dans la gare ferroviaire de Shimonoseki (sud-ouest), tuant cinq personnes et en blessant dix autres.
Tomoyuki Furusawa, 46 ans, avait tué ses beaux-parents et le fils de 12 ans de sa femme qui l'avait quitté à la suite de mauvais traitements.
Yasutoshi Matsuda, 44 ans, avait tué deux femmes lors de deux cambriolages en 2001 dans la préfecture de Miyazaki.
Sans formellement prononcer de moratoire, le gouvernement dominé par le Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche) n'avait ordonné aucune exécution depuis le 28 juillet 2010, date à laquelle il avait envoyé deux condamnés à la pendaison pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2009.
Pendant la campagne électorale précédant sa victoire, le PDJ avait promis d'ouvrir un débat sur la peine capitale, mais ce sujet n'a pas vraiment émergé sur la place publique.
Amnesty International a condamné ces exécutions et s'apprêtait à envoyer des lettres de protestation à M. Ogawa et au Premier ministre, Yoshihiko Noda.
La fédération des avocats japonais a aussi protesté et appelé à la suppression de la peine de mort, jugeant le Japon à contre-courant d'une tendance mondiale à l'abolition.
Le Japon est le seul pays développé, hormis les Etats-Unis, à appliquer la peine de mort, habituellement pour des personnes condamnées pour de multiples homicides.
Les autorités justifient son maintien par le soutien dont elle jouit parmi la population.
L'archipel est souvent critiqué par des organisations de défense de droits de l'Homme pour la pratique de la peine de mort elle-même, mais aussi pour les conditions d'internement des condamnés, qui sont maintenus jusqu'au dernier moment dans l'ignorance la plus totale quant à la date de leur exécution.