(AFP) – PEKIN - L'ex-homme d'affaires chinois Lai Changxing, extradé en 2011 par le Canada au terme d'une bataille judiciaire de 12 ans, a été condamné à la prison à vie pour contrebande et corruption, a annoncé vendredi Chine nouvelle, Pékin ayant tenu sa parole de ne pas le condamner à mort.
Lai Changxing, 53 ans, a été condamné par un tribunal de Xiamen, dans la province du Fujian (sud-est) d'où il avait dirigé un gigantesque réseau avant de s'enfuir au Canada, a précisé l'agence officielle.
Le démantèlement de ce réseau avait donné lieu à l'une des plus grosses affaires de corruption jamais vues en Chine communiste.
La sentence prononcée par le Tribunal intermédiaire du peuple de Xiamen était la plus lourde possible alors que la Chine s'était engagée de manière exceptionnelle auprès du Canada, afin d'obtenir l'extradition de son ressortissant, à ne pas le condamner à la peine de mort.
M. Lai, originaire de Xiamen, était arrivé au Canada avec sa famille en 1999 avec un visa de tourisme, après avoir fui la Chine où il était accusé d'être le cerveau d'un réseau ayant écoulé de six à dix milliards de dollars de marchandises de contrebande et corrompu de nombreux responsables locaux.
Le Canada a toujours refusé d'accorder à Lai Changxing le statut de réfugié et l'a finalement expulsé en juillet 2011 après des années de rebondissements judiciaires.
Pékin s'était engagé à ne pas condamner M. Lai à la peine de mort s'il était déclaré coupable, le Canada interdisant le renvoi de prisonniers vers des pays où ils pourraient être exécutés.
Le rapatriement de Lai Changxing avait représenté une victoire pour Pékin et la fin d'un casse-tête diplomatique pour Ottawa.
Si Lai échappe à la peine de mort, au moins 14 peines capitales ont été prononcées dans les années 90 et 2000 contre des acteurs moins importants de ce vaste réseau, dont le démantèlement a vu la chute de nombreux responsables de haut niveau de l'armée, de la police ainsi que des fonctionnaires locaux.
M. Lai a été condamné vendredi à la prison à perpétuité et à la saisie de tous ses biens pour contrebande, a précisé Chine nouvelle.
De plus, il a été condamné à 15 ans de prison pour corruption et à la saisie des 20 millions de yuans de biens (2,5 millions d'euros). Les peines se cumulent.
Interrogé par l'AFP, le tribunal de Xiamen n'a souhaité faire aucun commentaire, renvoyant les questions sur la cellule de presse du gouvernement local, qui n'était pas joignable.
Un tribunal chinois avait condamné le 20 janvier dernier à 15 ans de prison pour fraude Zeng Hanlin, un autre millionnaire qui avait fui la Chine en 2004 pour se réfugier au Canada, d'où il avait été finalement extradé en février 2011.