Selon un sondage du centre Levada, le nombre des partisans de la peine de mort en Russe décline progressivement. Les Moscovites restent les plus "durs" alors que les habitants du Caucase du Nord montrent l'attitude la plus pacifique, écrit lundi le quotidien Izvestia.
Les sociologues ont établi que 38% de la population soutient la restitution de la peine de mort dans les cas prévus par la loi - des crimes les plus graves contre l'individu - jusqu'à l'adoption du moratoire en 1996. 16% étant favorables à l'élargissement de l'application de la peine de mort, la part de ses partisans s'élève à 54%. Cet indice a atteint 61% en 2002 et 68% en 2002.
Le nombre des adversaires résolus de la peine capitale reste à peu près le même : aujourd'hui 11% des personnes sondées rejettent l'homicide comme peine légale contre 10% en 2012 et 12% en 2002.
Cette baisse du nombre de partisans de la peine de mort s'explique par un groupe croissant de gens satisfaits par la situation actuelle (de 12% à 23% depuis 2002) : la peine capitale n'est en fait pas abolie mais son application fait l'objet d'un moratoire et les cours ne condamnent personne à mort.
La peine de mort est plus populaire parmi les personnes âgées (61% contre 54% en général) et les hommes (57%). L'attitude des jeunes est bien plus pacifique : 43% d'entre eux sont favorables à la peine capitale. En ce qui concerne la répartition géographique, les Moscovites sont les plus agressifs : 77% des habitants de la capitale soutiennent une restitution éventuelle de la peine de mort et un élargissement de son application. Les grandes villes de l'Oural arrivent en deuxième position, tandis que le Caucase du Nord et les régions que longe la Volga abritent le moins de partisans de la peine capitale : 47% et 49% respectivement.
Le directeur adjoint du centre Levada Alexeï Grajdankine explique la diminution du nombre des partisans de la peine de mort depuis le début des années 2000 par la stabilisation de la situation dans le pays. L'agressivité excessive des Moscovites est, selon lui, liée à une influence plus importante des médias.
"Moscou est la ville la plus médiatisée du pays. Les Moscovites ne connaissent pas leurs voisin mais peuvent accéder aux informations du monde entier. Ils sont donc plus influencés par les sujets diffusés dans les médias tels que le crime, les migrations et la corruption. C'est ce qui explique cette agressivité élevée. La même situation se retrouve dans les villes-millionnaires de l'Oural", affirme-t-il.
Alexandre Koulikov, vice-président du comité pour la législation pénale et processuelle de la Douma (chambre basse du parlement russe), estime que l'accès aux informations explique effectivement l'agressivité excessive des grandes villes. Selon lui, les partisans de la peine de mort ne sont pas en baisse dans le pays.
"Je suis pour la restitution provisoire de la peine de mort, pour 5-10 ans. C'est le seul moyen de faire baisser le nombre de crimes graves et très graves dans le pays. A ma connaissance, plus de 65% de la population est du même avis", affirme-t-il.
Le directeur d'Amnesty International en Russie, Sergueï Nikitine, soutient les conclusions des sociologues.
"Le VTsIOM (Centre d'étude de l'opinion publique) a récemment évoqué des chiffres similaires. Il a également noté l'augmentation du nombre de personnes voulant abolir la peine de mort et la diminution de ses partisans. Ces résultats encourageants reflètent une tendance globale vers l'abolition de la peine capitale", indique-t-il.
Sergueï Nikitine remarque que cette situation est notamment liée aux actions des autorités russes pour expliquer à la population que l'application de la peine de mort n'influencera pas le niveau de criminalité dans le pays.
Le code pénal russe prévoit la peine capitale sous forme de réclusion à perpétuité ou de mort en cas de crimes très graves contre l'individu : un assassinat aggravé, une atteinte à la vie d'un homme d'Etat, d'un personnage public ou d'un membre des forces de l'ordre ; ainsi que le génocide.
Vladimir Poutine a déjà souligné en avril le caractère inopportun d'une annulation éventuelle du moratoire sur la peine de mort, entré en vigueur en août 1996. En avril 1997 la Russie avait signé en ce sens le protocole de la Convention européenne des droits de l'homme.