(Agence France-Presse) Washington
Un Tunisien soupçonné par Washington d'avoir développé pour Al-Qaïda des activités «plus larges» que le projet d'attentat pour lequel il a été condamné à Bruxelles a été extradé jeudi vers les États-Unis, a annoncé la ministre belge de la Justice.
Nizar Trabelsi avait été arrêté deux jours après les attentats du 11 septembre 2001 et condamné en 2003 à dix ans d'emprisonnement en Belgique pour avoir projeté, avec d'autres sympathisants islamistes, un attentat-suicide au camion piégé contre la base militaire belge de Kleine Brogel (nord), où sont stationnés des soldats américains qui, selon les spécialistes, sont chargés de garder des missiles nucléaires.
Détenu depuis 12 ans en Belgique, il a mené une longue bataille pour éviter d'être extradé vers les États-Unis, où il disait craindre des traitements «inhumains». Son dernier recours a été rejeté le 23 septembre par le Conseil d'État belge.
Inculpé en 2006 par un tribunal de Washington, Trabelsi, âgé de 45 ans, est accusé aux États-Unis d'avoir rencontré personnellement Oussama ben Laden au printemps 2001, de lui avoir proposé de conduire un attentat-suicide contre les intérêts américains et d'avoir mené tous les préparatifs pour cibler la base de l'US Air Force en Belgique, selon l'acte d'accusation.
Ce Tunisien, qui vivait près de Düsseldorf en Allemagne de 1989 à 2000, avait suivi un entraînement au Jihad fin 2000 en Afghanistan, rencontré le numéro 1 d'Al-Qaïda près de Kandahar et accepté d'acheter des composants chimiques en Europe pour fabriquer une bombe de 1.000 kilos, selon le document judiciaire américain.
En Afghanistan, il est soupçonné d'avoir constitué une cellule pour conduire cet attentat contre une base de l'aviation américaine, la Kleine-Brogel Air Force Base, en Belgique où résidaient des citoyens américains. Il avait noté tous les composants de la bombe sur un livre de football, les avait achetés, y compris de l'acétone, soufre, nitrates et glycérine, qu'il avait transportés dans son appartement de Bruxelles et avait dû ensuite déplacer, selon la même source.
Il a été inculpé pour complot d'assassinat de citoyens américains à l'extérieur des États-Unis, de complot de tentative d'utilisation d'une arme de destruction massive, et complot de soutien à une organisation terroriste, résume un communiqué.
La Belgique «a obtenu des garanties de la part des autorités américaines sur le fait qu'il serait jugé par un tribunal de droit commun et non d'exception ou militaire, et qu'il ne serait pas condamné à la peine de mort», a expliqué la ministre de la Justice belge Annemie Turtelboom, citée par l'agence Belga. Elle a aussi souligné qu'il n'avait pas de permis de séjour en Belgique.
En novembre 2008, la justice américaine avait demandé son extradition. «Les Américains estiment que Nizar Trabelsi est un membre actif d'Al-Qaïda qui développait aussi des activités terroristes en dehors de ce pour quoi il a déjà été condamné en Belgique», avait alors expliqué une porte-parole du Parquet fédéral belge.
Nizar Trabelsi, un ancien joueur de football professionnel tombé dans la drogue puis passé par les camps d'Al-Qaïda en Afghanistan, avait également été cité dans un projet un attentat contre l'ambassade des États-Unis à Paris, mais cette charge n'avait pas été retenue lors du procès de Bruxelles.