Tokyo - Un condamné à mort a été pendu jeudi matin au Japon, le premier cette année et le neuvième depuis le retour des conservateurs au pouvoir en décembre 2012, a annoncé le ministère de la Justice.
Les plus récentes exécutions remontaient à décembre et septembre 2013. C'est la cinquième fois que le gouvernement Abe procède à des pendaisons en un an et demi.
Le condamné exécuté jeudi à 68 ans, Masanori Kawasaki, avait été jugé coupable d'un triple meurtre il y a sept ans, celui de sa belle-soeur et de ses deux petites-filles.
C'était un cas extrêmement cruel et l'exécution a été décidée après une prudente réflexion, a justifié le ministre de la Justice, Sadakazu Tanigaki.
Un autre condamné pour le meurtre de deux personnes entre 1986 et 1989 devait être également exécuté mais, selon les médias, Shigeo Okazaki, 60 ans, est mort mercredi matin d'un arrêt respiratoire.
Après ce décès et l'exécution de jeudi, il reste 128 condamnés dans le couloir de la mort au Japon, selon les médias.
Malgré un large soutien de la population à la peine capitale, le pays n'avait exécuté personne en 2011, une première pour une année pleine en près de 20 ans, du fait de la non signature des ordres nécessaires par les différents ministres de la Justice de centre gauche qui s'étaient succédé cette année-là. Mais en mars 2012, les exécutions avaient repris avec la pendaison de trois meurtriers récidivistes.
Le Japon et les Etats-Unis sont les seules démocraties industrialisées à appliquer la peine capitale, une pratique en permanence dénoncée par les associations internationales de défense des droits de l'Homme qui n'admettent pas la cruauté d'un système dans lequel les condamnés peuvent attendre leur exécution pendant de nombreuses années.
Isolés dans leur cellule, ils ne sont avertis de leur mise à mort que quelques heures avant.
Les condamnés à mort vivent tous les jours dans la peur permanente de leur exécution, ne sachant jamais si elle ne va pas arriver le lendemain. Cela ajoute une torture psychologique à une peine déjà cruelle et inhumaine, a déclaré Roseann Rife, directrice de recherche d'Amnesty International pour l'Asie du sud-est.
Même si la peine capitale ne fait pas l'objet de débats passionnés au Japon, le dossier a été alimenté ces dernières années par la révélation de plusieurs erreurs judiciaires ayant conduit au couloir de la mort.
Le cas le plus récent et le plus célèbre concerne Iwao Hakamada, un homme de 78 ans relâché après avoir passé près d'un demi-siècle dans l'attente de son exécution.
Il avait été condamné en 1968 à la peine de mort pour un quadruple meurtre qu'il a toujours nié: celui de son patron, de la femme de ce dernier et de leurs deux enfants.
Malgré la confirmation de sa peine en 1980 par la Cour suprême, la justice a décidé en mars dernier de libérer M. Hakamada en attendant qu'il soit rejugé du fait de doutes nouveaux sur sa culpabilité.