Tokyo - Deux condamnés à mort ont été pendus vendredi matin au Japon, ce qui porte le total à trois pour cette année et à 11 depuis le retour des conservateurs au pouvoir en décembre 2012, a annoncé le ministère de la Justice.
La plus récente exécution remontait au 26 juin. C'est la sixième fois que le gouvernement de droite de Shinzo Abe procède à des pendaisons en un an et huit mois.
J'ai ordonné ces exécutions après mûre réflexion, a déclaré le ministre de la Justice, Sadakazu Tanigaki, lors d'une conférence de presse.
Ont ainsi été pendus deux meurtriers condamnés pour avoir chacun tué plusieurs personnes.
Le premier est un ex-yakusa de 59 ans, membre du clan Yamaguchi, le plus important syndicat du crime du Japon, Tsutomu Takamizawa, qui avait assassiné trois individus entre 2001 et 2005.
Le second, Mitsuhiro Kobayashi, 56 ans, est un ancien chauffeur de taxi qui avait ouvert le feu sur une agence de prêts à la consommation en 2001, attaque qui a fait cinq morts et quatre blessés graves.
Après ces deux exécutions, il reste encore 125 condamnés dans le couloir de la mort au Japon, selon les médias.
Le rythme des exécutions dans l'archipel est très variable en fonction de l'opinion du ministre de la Justice en poste, car la signature de ce dernier est requise avant de passer à l'acte.
C'est ainsi que, malgré un large soutien de la population à la peine capitale, le pays n'avait exécuté personne en 2011, une première pour une année pleine en près de 20 ans, du fait du refus de parapher des ministres de la Justice de centre gauche qui s'étaient succédé cette année-là. Mais en mars 2012, les exécutions avaient repris avec la pendaison de trois meurtriers récidivistes.
Le Japon et les Etats-Unis sont les seules démocraties industrialisées à appliquer la peine capitale, une pratique en permanence dénoncée par les associations internationales de défense des droits de l'Homme.
Même si la peine capitale ne fait pas l'objet de débats passionnés au Japon, le dossier a été alimenté ces dernières années par la révélation de plusieurs erreurs judiciaires ayant conduit au couloir de la mort.
Le cas le plus récent et le plus célèbre concerne Iwao Hakamada, un homme de 78 ans relâché après avoir passé près d'un demi-siècle dans l'attente de son exécution.
Malgré la confirmation de sa peine en 1980 par la Cour suprême, la justice a décidé en mars dernier de le libérer en attendant qu'il soit rejugé du fait de doutes nouveaux sur sa culpabilité.