Un Japonais de 88 ans, condamné à mort en 1972 pour l'empoisonnement de cinq femmes, s'est vu refuser le droit à un nouveau procès.
Le juge Nobuyuki Kiguchi du tribunal de Nagoya a jugé vendredi que la défense de Masaru Okunishi avait échoué à présenter «de nouveaux éléments de preuves» qui permettraient de rouvrir le dossier.
L'avocat principal chargé de l'affaire, Izumi Suzuki, a déploré une décision «extrêmement regrettable» et promis de déposer une requête spéciale auprès de la Cour suprême.
Les faits remontent à 1961, dans un petit village montagneux du centre du Japon, Nabari. Le condamné, un ancien agriculteur, est accusé d'avoir versé des pesticides dans un vin à l'occasion d'une fête locale, tuant sa femme et sa maîtresse. Trois autres femmes sont mortes, tandis qu'une douzaine d'autres personnes sont tombées malades mais ont survécu.
Masaru Okunishi a dans un premier temps expliqué avoir concocté cette boisson fatale afin de se dépêtrer de ses tourments amoureux, mais il s'est ensuite rétracté, mettant ses aveux initiaux sur le compte d'un interrogatoire policier musclé. Acquitté en première instance en 1964 par manque de preuves, il a ensuite été condamné en 1969, un verdict confirmé par la Cour suprême en 1972.
Désormais hospitalisé, il a passé des décennies dans le couloir de mort, à l'isolement, dans l'attente d'une éventuelle exécution. Au Japon, ce moment redouté n'est annoncé qu'aux tout derniers instants, une pratique dénoncée par les abolitionnistes qui pointent en outre un système judiciaire défaillant.
Nombreux à protester à l'étranger, notamment en Europe, après chaque exécution, ils sont plus rares au Japon où l'opinion est largement favorable à la peine capitale malgré la révélation de plusieurs erreurs judiciaires. Le cas le plus récent et le plus célèbre concerne Iwao Hakamada, un homme de 78 ans relâché du fait de doutes nouveaux sur sa culpabilité après un demi-siècle passé à croupir dans les geôles nippones.
Les deux dernières pendaisons ont eu lieu fin août 2014. Plus de 100 condamnés à mort sont actuellement dans l'antichambre de la mort au Japon, seule démocratie industrialisée avec les Etats-Unis à appliquer la peine capitale.