Strasbourg - L'Union européenne a rappelé mercredi que la peine de mort était interdite en son sein, après que le Premier ministre hongrois Viktor Orban a relancé le débat dans son pays.
Ses propres amis conservateurs du PPE ont aussi prévenu M. Orban que l'interdiction de la peine de mort dans l'UE n'était pas négociable.
Si la Hongrie rétablissait la peine capitale, une procédure serait déclenchée pouvant conduire à des sanctions, comme une suspension des droits de vote du pays au Conseil européen, l'instance de prise de décision des 28 Etats membres, a indiqué à l'AFP une source communautaire.
L'abolition de la peine de mort est une condition, un préalable pour rejoindre l'UE, a souligné un porte-parole de la Commission présidée par le PPE (Parti populaire européen) Jean-Claude Juncker. Pour l'Union européenne, la peine de mort ne constitue jamais une réponse, a déclaré le commissaire européen PPE Dimitris Avramopoulos (Sécurité), devant le Parlement européen.
De son côté, le commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, Nils Muiznieks, s'est déclaré extrêmement préoccupé par la dérive populiste dans le discours politique en Hongrie.
L'idée de réintroduire la peine de mort (...) est incompatible avec les obligations de la Hongrie en vertu de la Convention européenne des droits de l'Homme, et va à l'encontre des valeurs défendues par l'Europe, a-t-il ajouté dans un communiqué.
Des élus du Parlement européen ont interpellé les responsables de l'UE pour qu'ils réagissent aux déclarations du Premier ministre hongrois. Ce matin encore, j'ai demandé à discuter avec M. Orban. J'ai eu sa chancellerie et je vous ferai un rapport des résultats de mes entretiens, a déclaré le président du Parlement, le social-démocrate Martin Schulz.
Cela va tout à fait à l'encontre du droit européen, c'est de la barbarie, a lancé l'eurodéputé socialiste Jörg Leichtfried, sous les applaudissements, y compris de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission.
M. Leichtfried a demandé aux principaux responsables de l'UE de tirer les conséquences de la proposition de M. Orban, inacceptable en Europe.
J'espère que le PPE va enfin décider d'expulser M. Orban, a affirmé l'eurodéputée libérale Sophie In't Veldt à l'adresse du PPE, la principale formation du Parlement européen qui compte dans ses rangs le Fidesz de Viktor Orban.
Le chef de file des libéraux, Guy Verhofstadt, a enfoncé le clou, dénonçant un mépris des valeurs fondamentales de l'Europe. Il est grand temps que les dirigeants du PPE s'opposent à Orban, a-t-il estimé dans un communiqué.
La peine de mort est contre les valeurs du PPE et les traités de l'UE. Cela n'est pas négociable, a assuré le parti sur son compte Twitter. Son président, Joseph Daul, va demander à parler à Viktor Orban pour clarifier la déclaration d'hier sur la peine de mort, a ajouté le PPE dans un autre tweet.
M. Orban a déclaré mardi que la question de la peine de mort, abolie en 1990 en Hongrie, devait être remise à l'ordre du jour, soulignant que la législation hongroise, pourtant l'une des plus répressives d'Europe, n'était pas suffisamment dissuasive. Il réagissait au meurtre d'une employée de magasin la semaine dernière.
La position de M. Orban est que la peine de mort devrait rester à l'agenda, a précisé mercredi son cabinet. M. Orban est à la disposition du président Schulz pour évoquer la question, a-t-il précisé, soulignant que des consultations sur le sujet devaient naturellement se poursuivre au niveau européen.