STRASBOURG, 19 mai (Xinhua) -- La peine de mort "fera l'objet d'un long débat en Europe", a déclaré le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors d'une conférence de presse, mardi, au Parlement européen (PE) à Strasbourg.
M. Orban s'est exprimé après avoir participé à un débat tenu lors de la session plénière de mai du PE sur la situation politique en Hongrie, à la suite notamment de ses remarques sur l'éventuelle réintroduction de la peine de mort.
"Il n'y a pas de valeur européenne qui ne puisse être débattue", a-t-il affirmé. "Nous ne devons pas fuir la discussion."
M. Orban a essuyé de vives critiques après ses récentes déclarations au sujet d'une éventuelle réintroduction de la peine de mort mais, pendant la conférence de presse, il a défendu le droit de discuter cette question.
"Je pense que mener cette discussion est légitime", a dit le Premier ministre tout en laissant entendre que ses sentiments personnels le conduisent à considérer la peine de mort comme un moyen de protéger ses concitoyens contre des crimes violents.
"Nous, les Hongrois, aimons parler franchement. Soit nous le faisons, soit nous ne parlons pas du tout. C'est pourquoi nous abordons clairement la question de la peine de mort. Comme nous parlons franchement de l'immigration et nous pensons que le discours politiquement correct ne nous a en rien rapprochés d'une quelconque solution", a dit M. Orban.
Au nom de la présidence du Conseil de l'Union européenne (UE), Zanda Kalnina-Lukasevica, secrétaire d'Etat lettonne aux affaires européennes, a rappelé que "l'Union européenne n'est pas seulement une union économique et politique", mais aussi une "union de valeurs fondamentales partagées". "L'abolition de la peine de mort en est une. C'est une condition non négociable à l'appartenance à l'UE", a-t-elle dit.
De nombreux parlementaires ont répercuté ses propos, notamment Manfred Weber, président du Parti populaire européen (PPE) dont le parti de Viktor Orban, le Fidesz, est membre. Il a qualifié tout débat sur la réintroduction de la peine de mort de "dangereux" et "dommageable". Il a tenu à insister sur le fait que l'abolition de la peine de mort est un exemple de progrès en Europe.
Sophie In't Veld (ADLE/ Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe) a déclaré qu'il n'y a "pas de place" pour la peine de mort en Europe ou "nulle part ailleurs dans le monde". Le Parlement doit élaborer des propositions pour des mécanismes d'application des droits fondamentaux, a-t-elle ajouté.
Une résolution par les groupes politiques sera mise aux voix en juin.
Le vice-président de la Commission en charge des droits fondamentaux, Frans Timmermans, a rappelé que la réintroduction de la peine de mort serait contraire aux valeurs fondamentales de l'UE et mènerait à l'application de l'article 7 du Traité sur l'UE et pourrait donc éventuellement priver la Hongrie de ses droits de vote au sein du Conseil.
La réintroduction de la peine de mort remettrait également en question le statut de membre de la Hongrie au Conseil de l'Europe (CoE). Le porte-parole du secrétaire général du CoE Thorbjorn Jagland a confirmé que, en tant que membre du CoE, la Hongrie avait ratifié les protocoles de la Convention européenne des Droits de l'Homme qui interdit catégoriquement la peine de mort.