Un Pakistanais, dont les défenseurs affirment qu'il a confessé "sous la torture" un crime commis il y a plus de vingt ans alors qu'il était mineur, a été exécuté mercredi, a-t-on appris de source pénitentiaire. "Aftab Bahadur Masih, un chrétien, a été pendu mercredi matin dans la prison de Kot Lakhpat à Lahore", la deuxième ville du Pakistan, a indiqué à l'AFP un responsable de l'établissement carcéral ayant requis l'anonymat.
Un haut responsable pénitentiaire a confirmé cette exécution survenant au lendemain de l'octroi d'un nouveau sursis à un autre condamné à la peine capitale, Shafqat Hussain. M. Hussain devait être pendu mardi après avoir été condamné pour le meurtre d'un garçon de sept ans en 2004 à Karachi (sud), une peine contestée par ses parents et avocats qui affirment qu'il n'avait que 15 ans à l'époque, et ne peut donc être exécuté. M. Hussain est devenu ces derniers mois un symbole de la lutte des défenseurs des droits de l'Homme contre la reprise des exécutions au Pakistan, décidée en décembre dernier après six ans de moratoire. Aftab Bahadur Masih a quant à lui été condamné pour meurtre à Lahore (sud) en 1992 et passé 23 ans derrière les barreaux.
Les ONG pakistanaise Justice Project Pakistan (JPP) et britannique Reprieve clament qu'il n'était âgé que de 15 ans au moment des faits. Elles affirment également qu'il a été forcé à avouer ce meurtre sous la torture, ce que nie le gouvernement, qui doute également qu'il était mineur au moment du meurtre. "C'est un jour honteux pour la justice pakistanaise", a réagi Maya Foa, une responsable de Reprieve, dans un communiqué diffusé après l'exécution.
Islamabad avait levé son moratoire sur la peine de mort en décembre dernier après le massacre par les rebelles talibans de plus de 130 écoliers à Peshawar (nord-ouest), dans le but de montrer son inflexibilité face à ces violences. Le Pakistan a depuis pendu plus de 130 condamnés à mort. L'Union européenne, qui avait octroyé l'an dernier au Pakistan le statut "GSP+" qui exempte de taxes ses exportations de textile en échange d'engagements sur le respect des droits de l'Homme, exhorte Islamabad à rétablir le moratoire sur la peine de mort.