Pékin - Le nombre de condamnations pour des crimes sécuritaires, incluant le terrorisme violent, a presque doublé l'an dernier en Chine dans la foulée d'une campagne de répression dans la région musulmane du Xinjiang, selon un rapport des autorités rendu public dimanche.
En 2015, les tribunaux chinois ont condamné 1.419 personnes pour menace à la sécurité nationale et terrorisme violent, a indiqué le président de la Cour suprême Zhou Qiang, en présentant son rapport devant l'Assemblée nationale populaire (ANP), contrôlée par le parti communiste.
Un an plus tôt, la Chine avait condamné 712 personnes pour des charges semblables d'attaques terroristes violentes et de séparatisme, soit en faveur de la sécession d'une région du pays.
En Chine, les références au terrorisme et au séparatisme désignent principalement les violences au Xinjiang, l'immense région occidentale aux confins de l'Asie centrale, berceau de la population ouïghoure, une minorité turcophone musulmane rétive à la tutelle de Pékin et à l'arrivée en masse de millions de Chinois d'ethnie han.
Le bond spectaculaire sur un an du nombre de condamnés témoigne du rôle actif joué par les tribunaux dans les luttes antiterroristes, antisécessionnistes et anticulte, a souligné le président de la Cour suprême.
Sur les 1.419 condamnations pour terrorisme violent et menace à la sécurité nationale, 1.084 sont en fait pour terrorisme violent et 335 pour menace à la sécurité nationale. Le rapport des autorités chinoises ne précise toutefois pas les condamnations regroupées sous cette dernière catégorie.
Or, si vous regardez la liste des crimes liés à la sécurité nationale, vous constatez que des militants des droits de l'Homme ont pu être condamnés pour certains d'entre eux, a commenté Susan Finder, spécialiste du système judiciaire chinois.
Sous la présidence de Xi Jinping, la Chine a ostensiblement durci la répression contre les voix critiques à l'égard du régime communiste, emprisonnant aussi bien des avocats et militants des libertés que de simples blogueurs et des intellectuels.
Par ailleurs, selon le rapport annuel, près de 100% des personnes poursuivies pour différentes affaires devant des tribunaux ont été reconnues coupables en Chine l'an dernier, alors que Pékin a promis de réduire le nombre d'erreurs judiciaires.
Au total, 1,23 million d'accusés ont été reconnus coupables, soit un taux de condamnation de 99,92%. Et seulement 1.039 personnes ont été reconnues innocentes.
Le système judiciaire chinois est entaché d'abus, notamment en matière d'extraction d'aveux par les policiers, et de droits de la défense. Les organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent une justice sous contrôle étroit du PCC, où tout militant qui comparaît est sûr d'être jugé coupable.
L'opinion publique s'est élevée ces dernières années contre un certain nombre d'erreurs judiciaires. Dans quelques affaires, des tribunaux ont annulé des condamnations à mort.
En février, cinq hommes accusés de meurtre et détenus depuis plus de 20 ans ont été acquittés. Les tribunaux ont ainsi corrigé 1.357 jugements en 2015, selon le rapport, qui ne précise les faits que dans trois affaires.
La Chine doit tirer les leçons de ces affaires et doit améliorer les mécanismes qui sont susceptibles d'empêcher ou de corriger des accusations fausses dans les meilleurs délais, a plaidé le chef de la Cour suprême.