Berlin - Angela Merkel a téléphoné lundi au président turc pour lui signifier qu'une réintroduction de la peine de mort, suite au putsch manqué, mettrait fin à toute perspective d'entrée de son pays dans l'UE et pour s'inquiéter des purges en cours.
Lors de cette conversation, la chancelière allemande a souligné très clairement à Recep Tayyip Erdogan que l'Allemagne, comme l'Union européenne dans son ensemble, refusait la peine de mort et pour dire que cette dernière ne serait en aucun cas compatible avec une adhésion à l'UE, a indiqué une porte-parole du gouvernement.
Le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert, avait souligné déjà en milieu de journée, que l'introduction de la peine de mort en Turquie signifierait (pour Ankara) la fin des négociations d'adhésion à l'Union européenne.
Lors de l'entretien téléphonique, Mme Merkel a aussi souligné que la récente vague d'arrestations ou d'exclusions dans l'armée, la police et la justice était source de grande préoccupation à Berlin. Elle a de nouveau appelé M. Erdogan à respecter l'Etat de droit.
Le chef de l'Etat islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a évoqué dimanche une possible réintroduction de la peine capitale en Turquie, après le putsch manqué mené dans la nuit de vendredi à samedi par un groupe de militaires. Ankara avait aboli la peine de mort en 2004 dans le cadre de sa candidature à l'UE.
Nous avons vu dans les premières heures après l'échec du putsch des scènes révoltantes d'arbitraire et de vengeance envers des soldats, en pleine rue, avait aussi souligné le porte-parole de Mme Merkel.Une telle chose est inacceptable, avait-il insisté.
Les autorités turques ont fait état lundi de 7.543 militaires et magistrats placés en garde à vue, près de 9.000 policiers, gendarmes et fonctionnaires démis, donnant le sentiment d'un gigantesque coup de balai dans l'appareil étatique.
Ces mesures donnent de l'eau au moulin des détracteurs du président Erdogan, qui l'accusent de vouloir profiter du coup d'Etat pour renforcer encore un pouvoir déjà soupçonné de dérives autocratiques.
La purge se fera dans le cadre du droit, a toutefois soutenu le chef du gouvernement turc.