L'ancien garde des Sceaux Robert Badinter a remis mercredi à la bibliothèque du Sénat un exemplaire, corrigé de sa main, du discours qu'il a prononcé devant la Haute Assemblée il y a 35 ans exactement, le 28 septembre 1981, à l'occasion du débat sur l'abolition de la peine de mort.
A l'issue d'un débat de trois jours, le Sénat, alors à majorité de droite, avait aboli «purement, simplement et définitivement» la peine de mort en France, par 160 voix pour et 126 contre, avec des applaudissements de tous les bancs de l'hémicycle, en votant conforme le projet de loi défendu par M. Badinter.
«L'essentiel du débat ne s'est pas déroulé à l'Assemblée nationale, qui était alors de gauche, mais ici», au Sénat, a souligné M. Badinter.
«Le recours au dernier mot de l'Assemblée nationale aurait fragilisé l'avenir de votre texte en cas d'alternance», a estimé de son côté le président du Sénat Gérard Larcher (LR).
M. Badinter a rappelé qu'au cours de l'année 80-81, la peine de mort avait été prononcée huit fois en France, «ce qui montre à quel point elle était enracinée».
«Mais les sénateurs ont eu pour conscience de voter en leur âme et conscience et ils ont aboli la peine de mort», a-t-il dit.
«Ce discours, vous y attachez une grande importance, car il a permis d'engager un véritable débat parlementaire, a ajouté M. Larcher. Par-delà la force de votre conviction personnelle, votre souhait était de convaincre, de développer un argumentaire étayé et mesuré, toujours dans le respect de l'indépendance de l'institution sénatoriale et de la diversité des opinions de chacun».
Après avoir été président du Conseil constitutionnel, M. Badinter a siégé 16 ans au Sénat, de 1995 à 2011.