MANILLE (AFP) - La vice-présidente des Philippines Leni Robredo s'est engagée lundi à diriger l'opposition contre le président Rodrigo Duterte, lui reprochant notamment sa lutte controversée contre la drogue avec son lot d'exécutions extrajudiciaires.
Mme Robredo devient ainsi la plus haute responsable à publiquement contester le chef de l'Etat. Dimanche, elle a annoncé qu'elle quittait son ministère du logement au sein du gouvernement de Rodrigo Duterte, tout en se disant victime d'un complot visant à la déloger de la vice-présidence.
"Ce n'est pas le moment d'avoir peur. C'est le moment d'avoir des convictions et du courage", a déclaré cette avocate de 51 ans aux journalistes.
Le président a accepté lundi la démission de Mme Robredo. Aux Philippines, les élections à la présidence et à la vice-présidence sont distinctes. M. Duterte et Mme Robredo sont issus de formations rivales.
M. Duterte avait remporté en mai l'élection présidentielle par une majorité écrasante après une campagne outrancière durant laquelle il avait promis la mort à des dizaines de milliers de trafiquants de drogue et de toxicomanes.
Mme Robredo avait accepté le portefeuille du logement après la prise de fonction de M. Duterte, conformément à une tradition selon laquelle le vice-président se voit attribuer un ministère.
Mais leurs divergences latentes ont éclaté au grand jour après la décision du président le mois dernier d'autoriser l'inhumation en héros de l'ancien dictateur Ferdinand Marcos.
La vice-présidente a également reproché au président sa sanglante guerre contre la drogue.
Depuis la prise de fonctions de M. Duterte fin juin, environ 4.800 personnes ont été tuées par la police et par des meurtriers non identifiés.
"Je m'opposerai d'une voix plus forte (...) à toutes les politiques que je juge préjudiciables au peuple philippin", a dit Mme Robredo, citant en particulier "les exécutions extrajudiciaires".
Elle a également critiqué le projet de l'administration Duterte de rétablir la peine de mort et d'abaisser l'âge de la responsabilité pénale, de 15 à 9 ans.
Mme Robredo a répété lundi qu'elle était victime d'un complot visant à la déloger de la vice-présidence. Selon elle, les alliés du président veulent installer à sa place Ferdinand "Bongbong" Marcos Junior, le fils de l'ancien dictateur, qui avait également brigué la vice-présidence.
Un communiqué du bureau de M. Marcos a d'ailleurs salué le départ du gouvernement de Mme Robredo, estimé qu'il était nécessaire "en raison de son attitude hostile et de son opposition" à la politique du président.