Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour la première fois évoqué, vendredi, un référendum sur le rétablissement de la peine de mort, une mesure qui sonnerait le glas des pourparlers d'adhésion d'Ankara à l'Union européenne.
"Je le dis dès à présent : si c'est nécessaire, nous pourrons ouvrir la voie à un référendum à ce sujet", a déclaré le chef de l'Etat turc lors d'un discours à Manisa (ouest).
"Que demande le peuple ? Si le peuple dit "peine de mort", alors le débat est clos", a ajouté M. Erdogan.
Depuis le putsch avorté du 15 juillet, le président turc a dit à plusieurs reprises qu'il approuverait le rétablissement de la peine de mort en cas de vote du Parlement en ce sens, mais c'est la première fois qu'il évoque l'option d'une consultation populaire sur la question.
Les observateurs se demandent toutefois si ces déclarations reflètent une réelle intention ou s'il s'agit d'une manoeuvre en amont d'un référendum le 16 avril sur une révision constitutionnelle visant à renforcer les pouvoirs présidentiels.
Pour remporter ce scrutin, dont le résultat s'annonce serré, M. Erdogan a en effet besoin des voix de l'électorat nationaliste, majoritairement favorable au rétablissement de la peine capitale pour punir les crimes de nature "terroriste".
Le leader de la droite ultranationaliste, Devlet Bahçeli, a ainsi appelé cette semaine les dirigeants turcs à cesser de "temporiser" sur ce sujet. "Si vous êtes sincères, alors vous avez notre soutien", a-t-il déclaré.
La peine capitale a été abolie en 2004 dans le cadre de la candidature d'Ankara à l'entrée dans l'UE, et son rétablissement sonnerait le glas des négociations sur cette adhésion.
Les relations entre l'UE et Ankara se sont tendues depuis le coup d'Etat avorté, Bruxelles critiquant l'ampleur des purges lancées par les autorités turques contre les putschistes présumés.