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Turquie: le Parlement européen demande à nouveau le gel des négociations d'adhésion

dépêche de presse du 6 juillet 2017 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Turquie
Thème :
Strasbourg - Le Parlement européen à une nouvelle fois demandé jeudi que les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE soient suspendues si le pays mettait en oeuvre la réforme constitutionnelle renforçant les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, suscitant l'ire d'Ankara.

Les eurodéputés ont adressé cette demande à la Commission européenne et aux Etats membres de l'UE, décisionnaires en la matière, dans une résolution non contraignante votée à une large majorité (477 voix pour, 64 contre, 97 abstentions), en session plénière à Strasbourg (est de la France).

Ils y souhaitent que l'UE suspende "formellement les négociations d'adhésion avec la Turquie sans plus attendre si le paquet de réformes constitutionnelles est mis en oeuvre tel quel".

Cette réforme, approuvée lors d'un référendum en avril, prévoit la suppression des fonctions de Premier ministre au profit d'un "hyperprésident" qui pourra prendre des décrets et aura la haute main sur le pouvoir judiciaire.

Les eurodéputés ont plus largement exprimé leur inquiétude sur "le recul de l'Etat de droit, des droits de l'homme, de la liberté des médias et de la lutte contre la corruption" en Turquie.

Ils ont aussi condamné "le soutien répété du président turc à la réintroduction de la peine de mort", contraire aux critères d'adhésion à l'UE.

Le Parlement européen a toutefois souhaité "le maintien d'un dialogue ouvert et constructif" avec Ankara, notamment dans les domaines des migrations et de la lutte contre le terrorisme. Il prévoit d'envoyer "une délégation ad hoc à Ankara cet automne dans le but de renouer le dialogue parlementaire".

"Nous ne plaidons pas pour un arrêt de tout dialogue et de toute coopération avec Ankara", a souligné la députée socialiste néerlandaise Kati Piri, rapporteure du texte de la résolution. Mais "en détournant les yeux, nous minons sérieusement notre crédibilité", a-t-elle estimé.

La Turquie a vivement dénoncé cette décision, le Premier ministre Binali Yildirim la qualifiant de "sans importance" et "nulle et non avenue".

"Les relations entre l'UE et la Turquie ont besoin de sincérité. L'UE doit décider de son projet d'avenir et décider si elle veut vraiment ou non avancer avec la Turquie", a-t-il ajouté.

Avant lui, le ministre turc des Affaires européennes Omer Celik avait dénoncé une "décision politiquement motivée" du Parlement européen qui "sabote les relations" entre Bruxelles et Ankara.

Les rapports entre la Turquie et les Européens se sont nettement tendus au printemps après l'interdiction faite à plusieurs ministres turcs de venir faire campagne en Europe en faveur du référendum sur la réforme constitutionnelle.

Les Européens ont aussi émis de fortes réserves sur les conséquences du coup d'Etat avorté de juillet 2016 qui ont conduit à des purges massives.

Les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, lancées en 2005, sont au point mort.

Mais à la différence de l'Autriche, la plupart des Etats membres ne souhaitent pas franchir le pas d'une suspension formelle de ces tractations, craignant de provoquer une rupture définitive avec un partenaire clé sur le dossier migratoire et dans la lutte antiterroriste.
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