Trois Etats américains avaient prévu d'exécuter chacun un prisonnier jeudi, dans une rare coïncidence temporelle mais, au final, deux des condamnés ont survécu à leur rendez-vous avec la mort.
Bart Whitaker, un Américain qui avait planifié le meurtre de toute sa famille, a eu sa peine capitale commuée en réclusion à perpétuité juste avant l'heure de son injection létale programmée.
C'est la première fois en plus de dix ans qu'un gouverneur du Texas, en l'espèce le républicain Greg Abbott, décide d'épargner ainsi la vie d'un condamné à mort.
Le père du prisonnier, un fervent chrétien, lançait depuis des années des suppliques en ce sens. Kent Whitaker implorait qu'on lui laisse son dernier fils, même si celui-ci n'avait pas hésité à commanditer l'assassinat en 2003 de ses parents et de son frère.
Grièvement blessé par balle dans l'embuscade planifiée par Bart, Kent Whitaker avait décidé, depuis son lit d'hôpital, d'offrir un "pardon miraculeux" au meurtrier.
"Dieu m'a aidé à parvenir à ce pardon intégral. Je pense qu'Il l'a fait pour m'aider à retisser ma relation avec mon fils", avait-il confié à l'AFP.
Cette commutation exceptionnelle prévoit une perpétuité réelle pour Bart Whitaker.
- Condamné 'reconnaissant' -
"M. Whitaker doit passer le reste de sa vie derrière des barreaux, en punition pour son crime atroce", a indiqué le gouverneur Abbott.
"Je suis reconnaissant pour cette décision, pas pour moi mais pour mon père", a déclaré le détenu de 38 ans, en apprenant qu'il échappait à la mort trente minutes avant l'heure fatidique.
En Floride, un prisonnier nommé Eric Branch n'a pas eu cette chance. Ce condamné à la peine capitale pour le meurtre d'une étudiante en 1993 a été mis à mort à 19h05 locales (00h05 GMT vendredi).
Ses avocats ont lancé en vain d'ultimes recours, faisant valoir qu'il n'était âgé que de 21 ans à l'époque de son crime et qu'un jury non unanime avait rendu le verdict de sa peine capitale.
Enfin, au terme d'une soirée particulièrement éprouvante, l'Etat de l'Alabama a dû renoncer à exécuter Doyle Hamm, qui a passé trois décennies dans le couloir de la mort. Il avait été condamné en 1987 pour le meurtre de l'employé d'un motel au cours d'un vol à main armée.
- Perfusion impossible -
M. Hamm souffrant d'un double cancer du cerveau et du système lymphatique, ses avocats redoutaient que son exécution par injection létale ne se transforme en séance de torture. Notre client, n'ont-ils cessé d'affirmer, ne dispose pas d'un réseau veineux suffisamment solide et visible pour permettre la perfusion.
Saisi de la question, un tribunal avait tranché mardi, estimant que l'état de santé de Doyle Hamm ne l'empêchait pas d'être exécuté, à la condition que le cathéter de perfusion soit inséré dans une veine de ses jambes ou de ses pieds.
Les condamnés à mort aux Etats-Unis sont d'ordinaire perfusés dans les bras ou les mains.
La soirée de jeudi s'est donc transformée en une course contre la montre, les avocats du détenu ayant saisi la Cour suprême à Washington. Après que celle-ci eut rejeté leur appel vers 21H00, les agents pénitentiaires ont passé les heures suivantes à tenter de perfuser le détenu.
Au final, ils ont échoué à trouver "un accès veineux convenable", a reconnu en conférence de presse Jeff Dunn, un responsable des services pénitentiaires de l'Etat. L'exécution a donc été suspendue "par excès de prudence", a-t-il ajouté.
"C'est ce que leur disais depuis juillet!", a réagi avec exaspération l'avocat du détenu, Bernard Harcourt. "C'est impensable. Tout simplement impensable".