Bagdad - La Cour pénale centrale à Bagdad a condamné dimanche 15 ressortissantes turques à la peine capitale pour appartenance au groupe jihadiste Etat islamique (EI), a indiqué à l'AFP un responsable de la justice irakienne.
Les 15 inculpées ont "reconnu les faits" qui leur étaient reprochés lors de leurs interrogatoires, a-t-il précisé, tandis qu'une seizième a été condamnée à une peine de prison à perpétuité.
Quatre de ces femmes, qui se sont toutes présentées vêtues intégralement de noir, étaient accompagnées d'enfants en bas âge, a-t-il ajouté.
Âgées d'une vingtaine à une cinquantaine d'années, toutes ont expliqué être entrées illégalement en Irak pour rejoindre leurs époux venus combattre dans les rangs de l'EI, un groupe jihadiste qui s'était emparé en 2014 de vastes territoires en Irak à la faveur d'une offensive éclair.
L'une d'elles a même affirmé au juge avoir participé aux combats contre les forces irakiennes aux côtés des jihadistes, a-t-il affirmé. C'est ce qui explique la dureté du verdict, a-t-il ajouté.
"Elles ont désormais un mois pour faire appel", a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la Cour pénale centrale, le juge Abdel Sattar Bayraqdar.
Plusieurs ressortissantes étrangères accusées de liens avec l'EI ont récemment été jugées en Irak.
Une Allemande et une Turque ont ainsi été condamnées à mort lors de procès que l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) avait jugé "inéquitables".
Une Française a, elle, écopé d'une peine de prison couverte par sa détention préventive et doit maintenant être expulsée.
La loi antiterroriste irakienne permet d'inculper des personnes qui ne sont pas impliquées dans des actions violentes mais sont soupçonnées d'avoir aidé l'EI et prévoit la peine capitale pour appartenance au groupe jihadistes même pour des non combattants.
Lors de l'audience de dimanche toutefois, contrairement aux fois précédentes, selon le responsable, toutes les accusées ont revendiqué leur appartenance à l'EI et n'ont pas rejeté les faits qui leur étaient reprochés.
Il y a une semaine, lors d'une audience à laquelle assistait un journaliste de l'AFP, un autre groupe de femmes, des veuves étrangères de combattants de l'EI, avaient plaidé la bonne foi affirmant avoir été bernées ou menacées par leurs maris pour venir en Irak.
Le nombre de personnes emprisonnées en Irak pour appartenance présumée à l'EI s'élève à 20.000, selon des chercheurs.
Les autorités irakiennes n'ont jamais indiqué officiellement le nombre de jihadistes faits prisonniers pendant la contre-offensive des forces progouvernementales, qui ont achevé de chasser l'EI de tous les centres urbains d'Irak en 2017.
Les autorités de la région autonome kurde d'Irak disent détenir quelque 4.000 jihadistes de l'EI, dont des étrangers.
D'autres sont parvenus à se faufiler parmi les déplacés ou à rester sur place en retournant à la "vie civile".