L'ONU s'est déclarée vendredi "extrémement préoccupée" au sujet d'une jeune fille condamnée à mort le 10 mai au Soudan pour avoir tué son mari violeur, au cours d'un procès qui ne semble pas avoir été équitable.
Noura Hussein, 19 ans, a été condamnée pour le meurtre de l'homme que son père l'avait forcée à épouser et qui, selon elle, l'avait violée.
"La discrimination et la violence, y compris la violence sexuelle, contre les femmes et les filles au Soudan ont violemment alerté l'attention dans cette affaire", a déclaré à la presse à Genève la porte-parole du Bureau des droits de l'Homme de l'ONU, Ravina Shamdasani. "Nous avons des informations selon lesquelles le mariage forcé de Hussein, le viol et d'autres formes de violence sexiste contre elle n'ont pas été pris en compte par le tribunal comme éléments de preuve pour atténuer sa peine, et que les garanties les plus strictes d'un procès équitable et d'une procédure régulière n'ont pas été respectées dans cette affaire", a-t-elle ajouté.
Le cas de la jeune fille a suscité l'indignation de militants des droits des femmes qui ont lancé la campagne "Justice pour Noura".
Dans ce pays régi par la charia (loi islamique) où les traditions tribales sont fortement ancrées dans la société, les mariages forcés, notamment de mineures, sont dénoncés depuis des années par des ONG et militants des droits de l'Homme.
Selon Amnesty International, lorsque Noura Hussein a refusé de consommer son mariage, son mari a appelé deux de ses frères et un cousin pour qu'ils l'aident à la violer. Le lendemain, alors qu'il essayait à nouveau de la violer, elle l'a poignardé à mort, a expliqué l'ONG.
Au Soudan, la loi autorise le mariage des enfants de plus de 10 ans.
Dans les procès où la peine capitale est en jeu, "le respect scrupuleux des garanties d'un procès équitable est particulièrement crucial", a rappelé la porte-parole de l'ONU. "Nous appelons les autorités à prendre pleinement en considération l'invocation de légitime défense" de Noura Hussein contre la tentative de viol de son mari, a-t-elle conclu.