Un condamné à mort chinois a été pendu jeudi à l'aube au Japon pour le meurtre d'une famille, a indiqué la ministre de la Justice, rendant publique la troisième exécution de l'année, après les 15 de 2018.
"Le condamné à mort Wei Wei a été exécuté ce matin", a déclaré Masako Mori, lors d'une conférence de presse, disant avoir "mûrement réfléchi" avant de signer l'ordre d'exécution le 23 décembre.
Wei Wei, 40 ans, a été condamné à la pendaison pour le meurtre en 2003 d'un couple et de ses deux enfants à Fukuoka (sud-ouest), "un acte extrêmement cruel", a souligné la ministre.
Il a agi en compagnie de deux complices chinois qui ont fui mais ont ensuite été arrêtés en Chine.
Wei Wei avait reconnu les faits mais nié être le cerveau du quadruple homicide, accompagné d'un cambriolage.
"Les années étant passées depuis ces meurtres, nous étions enfin capables de nous remémorer les moments joyeux quand les quatre étaient encore en vie, mais cette exécution ne fait que nous remettre en tête des souvenirs douloureux", a réagi pour la chaîne publique NHK un parent des victimes du drame.
Il s'agit de la première pendaison au Japon depuis août, alors que 110 condamnés à la peine capitale se trouvent, parfois depuis des décennies, dans les couloirs de la mort.
La Fédération des barreaux du Japon a une fois encore demandé dans un communiqué au gouvernement d'en finir avec la peine capitale ajoutant que l'opinion changerait d'avis si elle était davantage informée de la réalité des exécutions.
Amnesty International a aussi protesté, appelant dans un communiqué à "un moratoire sur les exécutions et à l'ouverture d'un débat incluant toute la société en vue de l'abolition de la peine capitale".
L'ambassade de France au Japon a aussi réitéré sur son compte Twitter, en français et en japonais, que la France est "opposée à la peine de mort, en tous lieux et toutes circonstances" et "appelle à l'abolition universelle de ce châtiment aussi injuste et inhumain qu'inefficace".
En juillet 2018, avaient été pendus en deux sessions les 13 membres condamnés à la peine capitale de la secte Aum, impliquée dans un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995.
Cette série de pendaisons (sept le 6 juillet et six le 26 juillet 2018) avait suscité les protestations des abolitionnistes, notamment du fait qu'une partie des condamnés attendaient encore un jugement concernant une requête de révision de procès.
Des organisations de défense des droits humains ont demandé une trêve des exécutions au cours de l'année des jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Mais, interrogée à ce propos par l'AFP, la ministre de la Justice n'a pas répondu.
Au Japon, le débat sur la peine de mort n'est pas très audible, le gouvernement arguant qu'il n'a pas lieu d'être puisque, selon les sondages, 80% de la population est pour, la jugeant "inévitable".
Toutefois, selon le même sondage, la proportion tombe à environ 50% "s'il existait une peine de détention à vie sans possibilité de libération conditionnelle".
"Très peu d'informations sont données au public pour qu'il se forge un véritable avis, c'est contradictoire", déplore dans une étude Mai Sato, chercheuse à l'Institut de recherche pour la politique criminelle à Londres.