Les cinq universités flamandes appellent jeudi les autorités régionales, fédérales et européennes à exercer une "pression maximale" sur l'Iran/ Le médecin irano-suédois et professeur invité à la VUB Ahmadreza Djalali a été condamné pour espionnage par le pays et placé en isolement en vue d'une exécution imminente.
L'épouse du médecin a déclaré mardi à l'agence de presse suédoise TT que son époux lui avait appris qu'il était transféré dans une prison où il devait être placé en isolement, ce qui signifie qu'une exécution est imminente.
Dans un communiqué, le Conseil interuniversitaire flamand appelle à exercer "une pression maximale" sur les autorités iraniennes. Les recteurs se disent "horrifiés" de constater qu'"après plus de deux ans et demi d'efforts diplomatiques, la situation de M. Djalali s'est drastiquement dégradée".
De son côté, le Conseil des recteurs (CRef), lequel réunit les recteurs des institutions universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a dit jeudi se joindre à la Vrije Universiteit Brussel pour appeler les autorités iraniennes à empêcher l'exécution imminente.
La condamnation à mort de M. Djalali est dénoncée par de nombreuses organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International. "L'exécution pourrait être imminente. C'est intolérable. Nous appelons les responsables politiques et diplomates à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour convaincre les autorités iraniennes d'annuler la condamnation à mort du Dr Djalali avant qu'il ne soit trop tard", a indiqué Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d'Amnesty International.
Mercredi, la ministre belge des Affaires étrangères Sophie Wilmès a affirmé soutenir l'appel lancé par son homologue suédoise, Ann Linde, en faveur d'une annulation de l'exécution du médecin irano-suédois.
L'Union européenne s'est dite quant à elle "extrêmement préoccupée". Le Haut représentant à la politique étrangère, Josep Borrell, est en contact avec l'ambassade d'Allemagne à Téhéran, qui représente les intérêts de l'UE en Iran. Il rappelle jeudi que l'UE "s'oppose fermement et sans équivoque à la peine de mort, en tout temps et dans toutes les circonstances". L'UE cherche à en savoir plus sur la situation de M. Djalali, ajoute-t-il. Le président du Parlement européen, David Sassoli, a lui aussi dénoncé une nouvelle fois la peine capitale.
Condamné à mort en 2017 à l'issue d'un procès "inique et entaché de torture", selon Amnesty, Ahmadreza Djalali, qui a travaillé à l'Institut Karolinska, une faculté de médecine de Stockolm, et a été professeur invité à la VUB, avait été arrêté au cours d'une visite en Iran en avril 2016. Il a été reconnu coupable d'avoir transmis au Mossad, les services de renseignement israéliens, des informations sur deux experts iraniens du nucléaire qui ont abouti à leur assassinat. Pendant sa détention, la Suède lui avait accordé la nationalité suédoise en février 2018, quelques mois après que la Cour suprême iranienne eut confirmé sa condamnation à la peine capitale.
M. Djalali a affirmé qu'il avait été condamné car il avait refusé d'espionner pour le compte de l'Iran lorsqu'il travaillait en Europe.
Dans une interview accordée au journal De Standaard, l'épouse de Djalali a déclaré au début du mois qu'elle soupçonnait que son mari soit utilisé comme moyen de pression pour libérer un diplomate iranien jugé pour son implication dans une attaque déjouée en France en 2018. Le tribunal correctionnel d'Anvers se penchera dès vendredi sur ce dossier. Outre le diplomate, trois autres prévenus, dont un couple de Belges d'origine iranienne, sont soupçonnés d'avoir voulu faire exploser une bombe lors d'un grand rassemblement d'opposants au régime de Téhéran à Villepinte en France.