Un homme reconnu coupable de meurtre, d'enlèvement et de liens avec un "groupe terroriste" a été pendu samedi en Iran, a indiqué l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, au lendemain d'un appel de l'ONU à ne pas exécuter ce membre de la minorité baloutche.
L'homme, identifié comme Javid Dehghan Khalad, a été exécuté au Sistan-Baloutchistan, une province du sud-est du pays majoritairement sunnite, régulièrement le théâtre d'accrochages meurtriers entre forces de l'ordre et séparatistes baloutches ou groupes jihadistes.
Les Nations unies et des ONG avaient appelé l'Iran à ne pas procéder à l'exécution de cet Iranien âgé de 31 ans, membre de la minorité baloutche.
Il avait été arrêté en juin 2015 puis condamné pour avoir été l'un des chefs d'un groupe "terroriste" lié à Jaish al-Adl ("l'armée de la justice", jihadiste), selon l'agence Mizan Online. Egalement connu sous le nom de Mohammad Omar, il avait aussi été reconnu coupable d'avoir mené une "action armée contre l'Etat". Selon l'agence, il était impliqué dans la mort de deux membres des gardiens de la révolution - l'armée idéologique de la République islamique - tués en 2015, et avait mené une opération d'enlèvement visant cinq gardes-frontière, dont l'un avait péri.
Vendredi, les Nations unies avaient exhorté l'Iran à ne pas procéder à l'exécution "imminente" de Javid Dehghan, "à revoir son dossier ainsi que celui d'autres condamnés à mort".
Amnesty International a, elle, dénoncé un procès "profondément injuste", le tribunal se basant selon l'ONG sur des "aveux sous la torture".
Formé en 2012 par d'anciens membres d'une organisation sunnite extrémiste ayant mené une rébellion sanglante au Sistan-Baloutchistan, le groupe Jaish al-Adl a revendiqué en 2019 un attentat suicide ayant tué 27 membres des Gardiens de la révolution.
Selon les organisations de défense des droits humains, l'Iran est parmi les pays qui exécutent le plus de prisonniers au monde, derrière la Chine.
"Nous condamnons fermement la série d'exécutions - au moins 28 - depuis la mi-décembre, dont celles de certains membres de minorités", a dénoncé vendredi sur Twitter la Commission des droits de l'Homme de l'ONU. L'Iran a été particulièrement critiqué en 2020 pour l'exécution le 12 décembre du dissident Rouhollah Zam, qui fut un temps réfugié en France, et celle du lutteur Navid Afkari le 12 septembre.