Le gouverneur de l'Oklahoma, Kevin Stitt, a annulé jeudi l'exécution du détenu Julius Jones quelques heures avant sa mise à mort.
La peine de Julius Jones sera commuée en une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle, a déclaré le gouverneur dans un décret publié jeudi.
Cette décision devrait être bien accueillie par les 6,5 millions de personnes ayant signé sur Internet une pétition demandant au gouverneur Stitt, d'empêcher l'exécution avant l'heure fixée de 16 h.
M. Jones, un Afro-Américain de 41 ans, a été condamné à la peine capitale pour le meurtre en 1999 d'un homme d'affaires blanc, Paul Howell, meurtre qu'il a toujours nié. Il assure avoir été piégé par l'auteur du crime, avoir été mal défendu par ses premiers avocats et avoir fait l'objet de discrimination lors du procès.
Ses recours en justice ont tous été rejetés et la famille de M. Howell, notamment sa fille, reste convaincue de sa culpabilité.
Les failles dans le dossier ont fait l'objet d'une série documentaire et d'un podcast et fait basculer en sa faveur une partie de l'opinion publique.
Mercredi encore, des centaines d'élèves du secondaire étaient sortis de leur établissement en Oklahoma pour protester et tenter de faire plier le gouverneur. Des manifestants ont également campé près de sa résidence ces dernières nuits, selon la chaîne locale Koco.
Si vous pensez qu'il est coupable, organisez un procès équitable. Refaites-le et faites-le bien, avait lancé sa mère, Madeline Davis-Jones, lors d'une conférence de presse mercredi.
Le bureau des grâces d'Oklahoma, soulignant les failles dans le dossier, a recommandé à deux reprises de commuer la peine de Julius Jones en rétention à perpétuité.
Après six ans, l'Oklahoma reprend ses exécutions
Au-delà des doutes sur sa culpabilité, l'exécution suscitait des interrogations, car Julius Jones devait recevoir un cocktail létal de trois substances soupçonné de causer d'atroces souffrances.
L'Oklahoma, un état rural et conservateur du sud des États-Unis, a renoué le 29 octobre avec les exécutions, après six ans de pause, en faisant usage de ce protocole controversé.
John Grant, un Afro-Américain de 60 ans, a été secoué par des vomissements et des convulsions après la première injection, ont rapporté les journalistes témoins de la scène.
Les services pénitentiaires ont assuré qu'il n'y avait pas eu de complications, mais plusieurs voix ont dénoncé une violation de la Constitution américaine, qui interdit les peines cruelles.
Le protocole contesté combine un anesthésiant et un sédatif, le midazolam, censés empêcher la douleur avant l'injection de chlorure de potassium à dose létale. Il avait été utilisé en 2014 pour exécuter Clayton Lockett, mais le condamné avait agonisé pendant 43 minutes dans d'apparentes souffrances.
En 2015, un autre condamné, Charles Warner, s'était plaint que son corps brûlait avant de s'éteindre, les bourreaux ayant utilisé un produit non conforme. La même erreur avait failli être reproduite en septembre 2015 et une exécution avait été reportée in extremis.
À la suite de ces ratés, un grand jury avait ouvert une enquête et les autorités avaient accepté de suspendre l'application de la peine capitale. En 2020, elles ont finalisé un nouveau protocole et ont fixé en 2021 plusieurs dates d'exécution.
L'État a prévu cinq exécutions d'ici mars.