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Irak. Plus de vingt pendaisons principalement pour des faits de "terrorisme", selon trois sources sécuritaires

dépêche de presse du 25 septembre 2024 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Irak
Thèmes :
Au moins 21 personnes, dont une femme, ont été pendues dans une prison du sud de l'Irak, principalement pour des faits de « terrorisme », ont indiqué à l'AFP mercredi plusieurs sources sécuritaires et une source médicale, le nombre d'exécutions le plus élevé depuis des mois.

Pour la justice irakienne, « terrorisme », homicides volontaires et trafics de drogue peuvent valoir à leurs auteurs la peine de mort par pendaison. Les décrets autorisant les exécutions doivent être signés par le président irakien.

Depuis le début de l'année, les autorités carcérales ont mené à bien plusieurs séries de pendaisons, portant à chaque fois sur un petit groupe d'une dizaine de personnes, le tout dans la plus grande discrétion et sans annonce officielle, malgré l'indignation des ONG internationales.

Car par le passé, l'Irak a été épinglé pour des centaines de peines capitales ou de prison à la perpétuité prononcées au terme de procès qualifiés d'expéditifs, avec des aveux obtenus sous la torture ou une représentation juridique inefficace, selon les défenseurs des droits humains.

« Il y a 21 personnes qui ont été exécutées dans des affaires de terrorisme », a indiqué mercredi à l'AFP un responsable de sécurité à Bagdad.

Dans le sud du pays, une source carcérale a confirmé ces exécutions dans la prison de Nassiriya, assurant qu'une femme figurait parmi les condamnés.

Ils ont été exécutés après avoir été condamnés en vertu de « l'article 4 de la loi antiterroriste », a précisé ce responsable, s'exprimant sous couvert de l'anonymat en raison de la sensibilité du dossier.

Certains sont affiliés au groupe jihadiste Etat islamique (EI), a précisé cette source.

« La femme fait partie d'un groupe (de condamnés) qui ont tué une personne » en 2019 en marge des manifestants antipouvoir sur la place Wathba à Bagdad, a ajouté ce responsable. Des manifestants avaient tué un jeune homme accusé d'avoir tiré des coups de feu, avant de pendre son corps d'un poteau.

« Tous sont Irakiens »

Il n'était pas possible dans l'immédiat de vérifier la date des exécutions, certaines sources assurant qu'elles ont eu lieu mercredi, d'autres évoquant des pendaisons menées mardi.

Le département médico-légal à Nassiriya a reçu les corps, a assuré de son côté à l'AFP un responsable des autorités médicales de la province, Dhi Qar. « Tous sont irakiens », a indiqué cette source à l'AFP, confirmant qu'une femme figurait parmi les personnes exécutées en présence d'une équipe du ministère de la Justice.

En juillet, dix personnes ont été pendues pour « terrorisme ». Durant le mois de mai, 19 personnes avaient été pendues pour des condamnations similaires.

« Exécutions arbitraires »

Des experts du Haut-commissariat des droits humains de l'ONU se sont dits en juin « alarmés par le nombre élevé d'exécutions rapportées publiquement depuis 2016, près de quatre cents » en Irak.

« Lorsque les exécutions arbitraires sont généralisées et systématiques, elles peuvent constituer des crimes contre l'humanité », ont déclaré ces rapporteurs spéciaux, qui sont nommés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mais ne parlent pas au nom de l'ONU.

Le communiqué a déploré « des exécutions systématiques de prisonniers condamnés à mort sur la base d'aveux entachés par la torture et en vertu d'une loi antiterroriste ambiguë ».

En décembre 2023, 13 prisonniers avaient été exécutés, soit « la plus grande » exécution menée « en un jour » depuis novembre 2020, lorsque 20 prisonniers avaient été exécutés, selon un communiqué précédent des experts.

Pour répondre aux rapporteurs onusiens, le gouvernement irakien avait formé une commission. Fin juillet, le ministre de la Justice Khaled Chouani assurait que l'analyse des experts onusiens « n'était pas fondée sur des preuves documentées », selon l'agence de presse étatique INA.

Il a assuré que son pays était un « Etat démocratique qui respecte les droits humains », tout en estimant qu'il fallait prendre en compte « les circonstances qu'a traversé l'Irak, en première ligne (...) face au terrorisme sous sa forme la plus extrême », a-t-il dit, en allusion aux exactions commises par les jihadistes de l'EI.

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