Mercredi 22 août au soir, un 400e détenu sera éxécuté au Texas depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976. Un seuil qui suscite la réprobation à l'étranger mais une relative indifférence aux Etats-Unis
En fin d'après-midi mercredi 22 août, sauf report de dernière minute, Johnny Conner, Noir, 32 ans et condamné à mort pour le meurtre d'une employée pendant un braquage, doit être conduit dans la salle d'exécution de la prison de Huntsville au Texas, où il sera attaché à une table, une aiguille dans chaque bras. Il est le 400e détenu éxécuté dans cet Etat depuis 1976.
Devant la prison, une poignée de manifestants seront réunis, les uns pour afficher leur soutien à la peine capitale, les autres pour exprimer leur refus. Ces derniers ont également prévu des veillées de prière un peu partout dans l'Etat, jusque sous les fenêtres du gouverneur, le républicain Rick Perry.
A 18h00 (1h00 du matin heure française), trois produits seront injectés dans les veines du condamné : un pour l'endormir, un pour paralyser ses muscles, un pour arrêter son coeur.
Une procédure routinière
Contrairement à certains autres Etats, où la procédure a parfois des ratés parce que le personnel est mal formé, la mort devrait être officielle au bout de quelques minutes : au Texas, les exécutions ont lieu presque chaque semaine, et les équipes pénitentiaires sont rompues à l'exercice.
A lui seul, cet Etat du sud américain a procédé à plus du tiers des exécutions menées aux Etats-Unis depuis que la Cour suprême a autorisé le rétablissement de la peine de mort en 1976, et à près des deux tiers cette année.
En deuxième position, l'Etat de Virginie (est) plafonne à 98 exécutions. A l'autre bout du classement, douze Etats n'ont pas rétabli la peine de mort, et parmi ceux qui l'ont fait, quatre n'ont procédé à aucune exécution, et 14 peuvent compter leurs exécutions sur les doigts d'une seule main.
Pourtant, le seuil des 400 exécutions texanes suscite peu d'intérêt aux Etats-Unis. Les médias nationaux, qui n'évoquent en général que la mort des condamnés les plus célèbres, ne l'ont pour la plupart pas mentionné. Il a en revanche suscité la réprobation à l'étranger.
Les 27 pays de l'Union européenne ont saisi l'occasion pour rappeler leur opposition "sans réserve" à la peine capitale et demander à Rick Perry et aux autorités américaines d'envisager un moratoire sur les exécutions et les condamnations.
"Il y a 230 ans, nos ancêtres ont mené une guerre..."
Le porte-parole de Rick Perry, Robert Black, a vertement rejeté l'appel : "Il y a 230 ans, nos ancêtres ont mené une guerre pour se libérer du joug d'un monarque européen et gagner la liberté de l'auto-détermination", a-t-il déclaré dans un communiqué bien en vue sur le site internet du gouverneur.
"Nous respectons nos amis en Europe, nous accueillons volontiers leurs investissements dans notre Etat et nous apprécions leur intérêt pour nos lois, mais les Texans se débrouillent très bien pour gouverner le Texas", a-t-il ajouté.
Pourtant, même au Texas, le vent commence à tourner. Même si l'opinion publique reste largement favorable à la peine capitale et si 379 condamnés à mort attendent dans les couloirs de la mort de l'Etat, le nombre de condamnations est en forte baisse : 48 en 1999, 29 en 2003, 11 en 2006.
Pour Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine de mort, cette évolution est due essentiellement aux erreurs judiciaires révélées dans les années 1990 par la multiplication des tests ADN.
Les jurés hésitent aujourd'hui à imposer une peine si radicale, d'autant plus que la loi texane prévoit depuis 2005 une alternative d'apparence plus raisonnable : la perpétuité réelle.