L'Assemblée générale des Nations unies a adopté mardi une résolution appelant à un moratoire sur les exécutions, en vue d'une abolition totale de la peine de mort.
Cette résolution non contraignante, proposée par l'Italie et parrainée par 87 Etats, a été adoptée par l'Assemblée plénière par 104 voix contre 54, avec 29 abstentions.
Son approbation ne faisait guère de doute après son adoption le 15 novembre, à l'issue d'un vif débat, par la 3e commission de l'Assemblée, chargée des affaires sociales, humanitaires et culturelles.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est félicité de l'adoption du texte.
"Le vote d'aujourd'hui est un pas audacieux pour la communauté internationale. Je trouve particulièrement encourageant le soutien exprimé à cette initiative dans des régions du monde très variées. C'est une preuve de plus de l'existence d'une tendance vers l'abolition de la peine de mort", a-t-il dit dans une déclaration diffusée par son service de presse.
La Chine, les Etats-Unis, le Japon, Singapour, de nombreux Etats musulmans et un certain nombre de pays en voie de développement ont voté contre la résolution.
Celle-ci stipule que l'application de la peine de mort "porte atteinte à la dignité humaine", qu'"il n'y a pas de preuve irréfutable" qu'elle a un effet dissuasif et que toute erreur judiciaire dans son application est "irréversible et irréparable".
Elle engage tous les Etats qui pratiquent la peine capitale "à instituer un moratoire sur les exécutions en vue d'abolir la peine de mort". Elle les appelle également à "limiter progressivement l'application de la peine de mort et réduire le nombre d'infractions" passibles de cette peine.
Elle engage enfin les Etats qui ont aboli la peine de mort "à ne pas l'introduire de nouveau".
Le ministre italien des affaires étrangères, Massimo d'Alema, a participé à la séance de l'Assemblée.
"Ne touchez pas à Caïn", une organisation abolitionniste italienne, a salué dans un communiqué le vote "historique" de l'Organisation internationale qui "pour la première fois déclare que la peine de mort est une question de droits de l'Homme et que son élimination représente un sérieux progrès pour le monde".
Selon Amnesty international, 133 pays ont aboli la peine de mort par la loi ou en pratique, tandis que 64 pays et territoires conservent et utilisent ce châtiment, même si le nombre d'Etats qui le pratiquent à une fréquence annuelle est largement inférieur à ce chiffre.