STRASBOURG (Parlement européen), 20 mai 2010 (AFP) -
Le Parlement européen a demandé jeudi au Pakistan de faire davantage pour garantir les droits de ses minorités religieuses et de "revoir en profondeur" ses lois sur le blasphème car elles ouvrent la voie selon lui à "tous les abus".
Dans une résolution adoptée à Strasbourg, les eurodéputés se déclarent "préoccupés par le fait que les lois sur le blasphème, qui peuvent entraîner la peine de mort (...), préparent la voie à des abus qui touchent les gens de toutes confessions au Pakistan". Ils "invitent le gouvernement pakistanais à revoir en profondeur" ces lois.
Les textes en question "sont utilisés abusivement par les groupes extrémistes et ceux qui souhaitent régler des comptes personnels" et "ont conduit à une montée de la violence contre les membres des minorités religieuses", mais aussi contre "les citoyens critiques qui osent élever la voix contre les injustices", affirment les élus européens.
Le Parlement reconnaît que le Pakistan, pays à large majorité musulmane, a récemment pris des mesures pour mieux protéger ses minorités religieuses, citant notamment un quota de 5% pour les minorités dans la fonction publique d'Etat et la promesse de futurs sièges réservés au Sénat.
Cependant, les minorités au Pakistan "sont privées des libertés civiles fondamentales" et souffrent de nombreuses discriminations, s'alarment les élus.
Le Parlement a critiqué par ailleurs l'inscription de l'identité religieuse des citoyens "sur tous les nouveaux passeports", une pratique qui selon lui fait courir le risque de "pratiques discriminatoires".
Il a dénoncé une "contradiction" entre d'une part l'engagement d'Islamabad pour la liberté de religion et d'autre part son "rôle déterminant" au sein de l'Organisation de la Conférence islamique pour obtenir la condamnation par les Nations unies de la "diffamation des religions".
Présent à Strasbourg à l'occasion du vote de cette résolution, le ministre pakistanais chargé des minorités, Shahbaz Bhatti, a indiqué à l'AFP que son pays "essaye d'améliorer la situation" et que "beaucoup de mesures ont été prises".
Concernant les lois sur le blasphème, les autorités pakistanaises "se sont engagées à les amender" afin qu'elles ne soient "plus néfastes".
"J'y travaille, ce sera fait d'ici la fin de cette année", a assuré le ministre.