WASHINGTON - La secrétaire d'Etat américaine et la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme ont vivement contesté vendredi l'exécution par l'Etat du Texas d'un Mexicain ayant toujours nié les accusations de viol et de meurtre d'une adolescente pesant contre lui.
Si nous ne protégeons pas les droits des étrangers aux Etats-Unis, nous risquons sérieusement de connaître en retour des difficultés pour accéder à nos propres ressortissants à l'étranger. C'est ce qui inquiète la secrétaire d'Etat, a déclaré à des journalistes la porte-parole d'Hillary Clinton, Victoria Nuland.
Le respect par les Etats-Unis des termes de la Convention de Vienne (sur les relations consulaires) est absolument crucial pour nous assurer que nous aurons un accès consulaire aux Américains détenus à l'étranger et garantir notre capacité à les protéger, a-t-elle poursuivi.
Malgré les demandes répétées de sursis de la Maison Blanche et du gouvernement mexicain, le Texas (sud) a procédé jeudi à l'exécution d'Humberto Leal, 38 ans, à la prison de Huntsville. Ce dernier avait été reconnu coupable du viol et du meurtre d'une adolescente de 16 ans en 1994, mais il avait toujours nié les faits.
La Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a également estimé vendredi que cette exécution plaçait les États-Unis dans une situation de violation du droit international.
Ce que l'État du Texas a fait est, dans ce cas, du ressort du droit américain et engage la responsabilité internationale des Etats-Unis, a déploré la chef de file des droits de l'homme à l'ONU, actuellement en visite à Mexico.
Je suis très déçue que ni la Commission des grâces et libertés conditionnelles du Texas, ni le gouverneur de l'Etat n'aient pris les mesures qui s'offraient à eux pour empêcher cette violation des obligations des États-Unis en vertu du droit international, a-t-elle insisté.
Navi Pillay a rappelé qu'en 2004, la Cour internationale de Justice avait demandé à Washington de reconsidérer le cas de 51 ressortissants mexicains condamnés à mort (dont M. Leal), stipulant que ces derniers n'avaient pas bénéficié d'une aide judiciaire du consulat mexicain, comme le prévoit la Convention de Vienne.
Cette exécution va miner le rôle de la Cour internationale de Justice, a estimé Mme Pillay, considérant que ces conséquences se ressentiront bien au-delà du Texas.
L'ancienne juge sud-africaine a indiqué qu'elle avait envoyé deux lettres au gouverneur du Texas, le républicain Rick Perry, ainsi qu'à la Commission des grâces et libertés conditionnelles de l'Etat.
A moins d'une heure de l'exécution d'Humberto Leal, la Cour suprême américaine avait refusé de lui accorder un sursis.
Il ne lui restait alors plus qu'un seul recours: obtenir une commutation de sa peine en prison à vie ou un délai supplémentaire du gouverneur du Texas. Mais ce dernier, partisan de la peine de mort, n'a pas donné le feu vert.
Fait rare, la Maison Blanche était intervenue en faveur de M. Leal et du respect de la Convention de Vienne, au même titre que la défense et le Mexique.