MINSK (AFP) - Le Bélarus a exécuté les deux condamnés à mort pour l'attentat meurtrier dans le métro de Minsk en 2011, a annoncé la dimanche la télévision d'Etat, un acte vigoureusement critiqué par la Grande-Bretagne et l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).
La famille de l'un des condamnés à la peine capitale, Vladislav Kovalev, avait indiqué samedi avoir été officiellement informée par un courrier de la Cour suprême du Bélarus de l'exécution de celui-ci.
Dimanche, la chaîne de télévision publique ONT a annoncé que les deux condamnés, Vladislav Kovalev et Dmitri Konovalov, avaient été exécutés vendredi, une information confirmée par l'agence officielle de presse bélarusse Belta.
Agés tous deux de 25 ans, ils avaient été condamnés à mort le 30 novembre dernier par la Cour suprême du Bélarus, seul pays d'Europe à appliquer la peine capitale.
Dmitri Konovalov a été condamné pour "acte de terrorisme" et a reconnu être responsable de l'attentat, tandis Vladislav Kovalev, condamné pour complicité, a nié les faits.
L'explosion le 11 avril 2011 à la station de métro Oktiabrskaïa, en plein centre de Minsk, avait fait 15 morts et plus de 160 blessés. Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier dans l'ancienne république soviétique depuis son indépendance en 1991.
Le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, le député français Jean-Claude Mignon, a condamné ces exécutions "de la manière la plus vigoureuse", dénonçant "une pratique barbare qui n'a pas sa place dans une société civilisée", dans un communiqué publié dimanche.
Le Conseil de l'Europe, dont la principale mission est la défense des droits de l'homme et de la démocratie, demande depuis 1996 l'abolition générale de la peine de mort.
Pour sa part, le ministre britannique aux Affaires européennes, David Lidington, a appelé "avec fermeté le Bélarus à introduire immédiatement un moratoire sur les exécutions" et à "abolir la peine de mort", dans un communiqué.
Le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, avait réagi dès samedi à l'annonce de la première exécution qu'elle a "fermement condamnée", observant que les deux condamnés n'avaient "pas eu droit à un procès équitable".
La rapidité de l'enquête, l'absence apparente de mobile chez les condamnés et le manque total de preuves matérielles ont été à l'origine d'une thèse selon laquelle la tragédie aurait été le résultat d'un complot ourdi par les services de sécurité pour tenter de justifier la répression à l'encontre des ennemis politiques du président Alexandre Loukachenko.
Ce dernier avait immédiatement assuré que l'attentat avait été une tentative de déstabilisation du Bélarus par des ennemis inconnus de l'Etat.
Le Bélarus est sous le coup de sanctions occidentales en raison de la répression de l'opposition qui s'y est accentuée depuis la présidentielle controversée de décembre 2010, remportée par M. Loukachenko. De nombreux opposants ont depuis été condamnés, certains à de la prison ferme.