Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a dénoncé vendredi la cruauté de l'exécution d'un condamné à mort cette semaine en Oklahoma (sud des Etats-Unis) et demandé un moratoire immédiat sur la peine de mort.
Un condamné à mort, Clayton Lockett, a succombé mardi soir au terme d'une quarantaine de minutes d'agonie, après l'expérimentation d'une nouvelle procédure d'injection, rouvrant le débat sur les méthodes d'exécution aux Etats-Unis.
"La souffrance de Clayton Lockett durant son exécution (...) pourrait constituer un traitement cruel, inhumain et dégradant selon la législation internationale en matière de droits de l'Homme", a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville, lors d'un point presse à Genève. "Elle va aussi à l'encontre du 8ème amendement de la Constitution des Etats-Unis", qui interdit les peines cruelles ou inhabituelles, a-t-il ajouté.
Il a également déploré que "la mort prolongée de Clayton Lockett soit le deuxième cas de souffrance extrême apparente causée par le dysfonctionnement du système d'injections létales en 2014 aux Etats-Unis". Dans l'Ohio (nord), Dennis McGuire, exécuté le 16 janvier avec un mélange médicamenteux qui n'avait jamais été testé non plus, avait semblé suffoquer et se débattre, selon les témoins, pendant un processus plus long qu'à l'habitude. C'était, selon le pool de journalistes ayant assisté à l'exécution, la plus longue exécution depuis que l'Ohio a rétabli la peine capitale en 1999.
Pour ce qui est de Clayton Lockett, condamné pour le viol et le meurtre d'une jeune femme, quelques minutes après le début de l'injection d'un nouveau cocktail létal, jamais testé aux Etats-Unis, l'homme "a été pris de convulsions, soulevant la tête et la poitrine de la table d'exécution, tremblant, agitant la tête et grognant des mots inaudibles", a raconté un journaliste local Graham Brewer, une version partiellement confirmée par les autorités pénitentiaires.
Le rideau a alors été fermé, empêchant les quelques témoins d'en voir davantage. Peu après, dans une grande confusion, le directeur des prisons, Robert Patton, a invoqué "l'échec de l'intraveineuse" et ordonné l'arrêt de l'exécution.
Mais les trois produits ayant déjà été injectés, Clayton Lockett a succombé à "une crise cardiaque foudroyante" exactement 43 minutes après le début de l'injection, contre une dizaine de minutes habituellement. Dans la foulée, le directeur Patton a décrété le report de 14 jours de l'exécution suivante, programmée deux heures plus tard, celle de Charles Warner.
"L'apparente cruauté de ces dernières exécutions renforce simplement l'argument selon lequel les autorités américaines devraient imposer un moratoire immédiat sur la peine de mort et oeuvrer en faveur de l'abolition de cette pratique cruelle et inhumaine", a souligné M. Colville.