Washington - L'intraveineuse servant à injecter le cocktail de produits mortels à un condamné de l'Oklahoma, qui avait apparemment longuement souffert lors de son exécution fin avril, avait été mal placée et insuffisamment surveillée, a conclu un rapport d'enquête interne publié jeudi.
Le condamné Clayton Lockett avait succombé dans d'apparentes souffrances 43 minutes après l'injection d'un cocktail de trois produits, contre une dizaine de minutes habituellement.
Cet événement, qui avait provoqué un important émoi dans le pays, avait conduit cet Etat du Sud à décréter un moratoire et à ordonner une enquête.
Selon le rapport d'enquête de 32 pages rendu public jeudi sur le site du Département de la sécurité publique de l'Oklahoma, le médecin et l'infirmier ont tenté de placer l'intraveineuse en de multiples endroits mais sans succès, avant de le faire dans la zone de l'aine droite et d'administrer l'anesthésiant (le midazolam), puis les deux autres produits (le bromure de vécuronium et le chlorure de potassium).
Le médecin s'est aperçu de l'échec de l'intraveineuse une vingtaine de minutes plus tard, alors que le condamné bougeait et faisait des bruits sur la table d'exécution.
Alors qu'ils tentaient en vain d'insérer l'intraveineuse sur l'artère fémorale et en d'autres endroits, le médecin a observé que les produits semblaient absorbés dans les chairs de Lockett.
Son coeur s'est arrêté peu après que l'exécution eut été interrompue, et son décès a été prononcé à 19H06, soit 43 minutes après la première injection à 18H23, précise encore le rapport.
Dans un communiqué, ses avocats ont rappelé la nécessité d'une enquête indépendante, estimant que celle-ci pose plus de questions qu'elle ne donne de réponses.
Pour Dale Baich, le rapport protège la chaîne de commandement. Quand il a été clair que l'exécution se passait mal, elle aurait dû être arrêtée mais cela n'a pas été le cas. Celui qui a permis à l'exécution de se poursuivre doit être tenu responsable devant la justice, dit-il, en espérant que la plainte fédérale en cours permette d'apprendre ce qui s'est passé.
Les enquêteurs de l'Oklahoma concluent que l'incertitude du point d'insertion de l'intraveineuse est le seul vrai facteur qui a contribué aux difficultés à administrer les produits d'exécution. Mais ils admettent leur incapacité à déterminer l'efficacité des produits du fait de l'échec de l'intraveineuse.
Parmi leurs recommandations, ils appellent à un programme de formation officielle et continue du personnel chargé des exécutions.
Les avocats des condamnés à mort dénoncent régulièrement le manque de qualifications des personnes chargées des injections létales dans les 32 Etats où la peine de mort est autorisée aux Etats-Unis.
Le rapport appelle en outre à interdire la programmation de deux exécutions à moins de sept jours d'intervalle pour des raisons d'effectifs et d'équipement.
Le rapport souligne que le niveau de stress avait été rehaussé par la programmation de deux exécutions le 29 avril, le même jour au même endroit, une première depuis 2000. La seconde exécution avait finalement été ajournée, après le déroulement chaotique de la première.
Enfin le rapport recommande que le point d'insertion de l'intraveineuse reste toujours visible et constamment sous observation par une personne compétente. En cas d'échecs successifs pendant une heure, le report de l'exécution doit être requis, ajoutent les enquêteurs.
Depuis fin avril, une autre exécution a mal tourné, en Arizona (sud-ouest), où Joseph Wood est mort 117 minutes après l'injection de deux produits le 23 juillet.