Strasbourg - Le Parlement européen a demandé jeudi la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d'opinion en Egypte, y compris les membres des Frères musulmans, et annoncé qu'il n'enverrait pas d'observateurs pour les législatives de mai, suscitant la condamnation du Caire.
Dans une résolution, le Parlement se déclare gravement préoccupé par les restrictions en cours des droits fondamentaux, notamment les libertés d'expression, d'association et de réunion, le pluralisme politique et la primauté du droit en Egypte.
Depuis la destitution par les militaires du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013 et l'arrivée au pouvoir d'Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée devenu depuis président, le gouvernement égyptien a mené une vaste campagne d'arrestations arbitraires, de harcèlement, d'intimidation et de censure contre (ses) détracteurs, déplore le Parlement.
Il demande que cessent tous les actes de violence (...) perpétrés par les autorités publiques, les forces et les services de sécurité contre les opposants politiques, manifestants, journalistes, blogueurs, étudiants, syndicalistes, militants des droits des femmes, acteurs de la société civile et minorités.
Depuis juillet 2013, selon le Parlement, plus de 40.000 personnes ont été arrêtées et 1.400 manifestants tués en raison de l'usage excessif et arbitraire de la force par les forces de l'ordre.
Tous les journalistes doivent pouvoir rendre compte de la situation en Egypte sans craindre d'être poursuivis, emprisonnés, intimidés ou limités dans leur liberté de parole ou d'expression, plaide par ailleurs le Parlement européen, qui demande la libération des 167 députés élus en 2011 qui se trouvent actuellement en détention.
Evoquant les élections législatives prévues du 21 mars au 7 mai, les eurodéputés soulignent que le précédent scrutin, l'élection présidentielle de mai 2014, n'avait pas satisfait aux normes internationales. En conséquence, il ne serait pas opportun d'envoyer une mission d'observation des élections, puisque cela risquerait de nuire gravement à (sa) crédibilité, selon les députés.
Le Parlement exprime aussi son indignation devant l'intensification de la répression contre la communauté homosexuelle, persécutée et publiquement humiliée.
Le Caire n'a pas tardé à réagir, le ministère des Affaires étrangères dénonçant dans un communiqué une série d'allégations et de mensonges ainsi que de fausses conclusions qui reflètent une méconnaissance de la nature et la réalité de la situation en Egypte.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a estimé que la résolution du Parlement européen est partiale, et ne sert pas les intérêts des relations bilatérales entre l'Egypte et l'Union européenne.
Selon lui, elle évoque des questions qui ne tiennent pas compte des spécificités culturelles, religieuses et sociales de la société égyptienne (...) notamment en ce qui concerne les droits des homosexuels, la peine de mort, l'atteinte aux religions sous prétexte de la liberté d'expression.
Cette résolution suscite les réserves et la colère de l'opinion publique égyptienne, du fait qu'elle impose des diktats et des valeurs étrangères à la nature de la société égyptienne, affirme le ministère égyptien.