Plan du site

A Genève, l'ONU appelle à l'abolition universelle de la peine de mort

communiqué de presse du 4 mars 2015 - Organisation des Nations Unies
4 mars 2015 – En dépit des progrès réalisés ces dernières années en faveur de l'abolition universelle de la peine de mort, trop souvent dans la pratique, cette dernière s'applique plus aux petits délinquants pauvres et marginalisés qu'aux puissants parrains du trafic de drogues, a déploré le Sous-Secrétaire général des Nations Unies aux droits de l'homme, Ivan Simonovic.

« Nous ne devons pas tuer les immigrants, les minorités, les pauvres et les personnes handicapées pour montrer que nous sommes déterminés à lutter contre la criminalité », a déclaré M. Simonovic dans une allocution prononcée à l'ouverture de la troisième et dernière journée de réunion du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève, en Suisse.

Le Conseil avait entamé sa 28ème session annuelle en début de semaine, lundi 2 mars, par la projection d'un message vidéo du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, enjoignant à ses membres de renforcer le consensus politique en matière de prévention des violations à l'encontre des droits de l'homme.

S'exprimant devant le Conseil sur la question des efforts régionaux visant à l'abolition de la peine de mort, M. Simonovic a souligné la nécessité d'une approche unifiée pour mettre un terme à ce qu'il a désigné comme étant un « châtiment inhumain et obsolète ».

« Plusieurs pays continuent d'appliquer la peine de mort pour des crimes en lien avec le trafic de drogues, arguant du fait que la sévérité de ce châtiment a un effet dissuasif. Cependant, il n'existe aucune preuve que la peine de mort ait un effet dissuasif sur quelque crime que ce soit », a-t-il souligné.

Le Sous-Secrétaire général a rappelé que les pays d'Amérique ont été les premiers à abolir la peine de mort, en commençant par le Venezuela en 1867. En Afrique, a-t-il dit, de nombreux Etats ont également adopté une position abolitionniste. Parallèlement, au cours des seize dernières années, aucune condamnation à mort n'a eu lieu dans les 47 Etats membres de l'Union européenne, s'est félicité M. Simonovic, ajoutant qu'au Moyen-Orient et en Asie, les institutions nationales de défense des droits de l'homme et de la société civile se mobilisent pour faire avancer la cause abolitionniste.

A l'heure actuelle, l'ONU estime que 160 pays ont aboli la peine de mort ou ne l'utilisent pas dans la pratique. Au cours des six derniers mois, la peine de mort a par ailleurs été abolie au Tchad, à Fidji et à Madagascar.

Cependant, malgré ces progrès, certains pays semblent malheureusement évoluer vers une réintroduction de la peine de mort, a déploré M. Simonovic, soulignant qu'en 2013, plus d'Etats ont appliqué la peine de mort et plus d'exécutions ont eu lieu que l'année précédente.

« Certains Etats justifient la peine de mort aux motifs qu'elle est populaire auprès d'une large majorité de la population, ou que, sans elle, il serait impossible de lutter contre le trafic de drogue ou le terrorisme », a expliqué le Secrétaire général adjoint.

Tout en reconnaissant la nécessité de s'attaquer à ces différentes formes de criminalité, M. Simonovic a déclaré que l'essentiel des efforts de prévention devait plutôt se porter sur le renforcement des systèmes judiciaires. Il a par ailleurs ajouté que les sondages d'opinion ne sont pas une raison suffisante pour aller à l'encontre des droits de l'homme.

« En effet, il existe des preuves indubitables d'erreurs, d'abus et de discriminations. Il a été empiriquement prouvé que plus la population est informée sur ces faits, moins elle soutient la peine de mort », a dit le Sous-Secrétaire général, annonçant que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) organiserait dans les prochains mois des séminaires rassemblant un ensemble d'acteurs régionaux en faveur de l'abolition universelle de la peine de mort.
Partager…